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30-01-2020 10:00 - Compte-rendu de mission de IRA France janvier 2020 en Mauritanie

IRA France Mauritanie - Une délégation d’IRA-France-Mauritanie s’est rendue à Nouakchott du 9 au 22 janvier 2020 sur invitation du député Biram Dah Abeid, Président de l’association non reconnue IRA-Mauritanie.

Elle était composée de Jean-Marc Pelenc, Président, Catherine Poivre d’Arvor, Présidente d’honneur, Bruno Canivenc, Secrétaire général et Marie Pelenc, Chargée d’organisation.

Elle avait pour objectifs de rencontrer un maximum d’associations de défense des droits humains, leurs dirigeants et leurs militants pour analyser la situation des droits humains aujourd’hui et étudier de futures coopérations, de rencontrer les autorités mauritaniennes pour leur faire part de nos préoccupations et prendre contact avec les représentations diplomatiques de pays ou organismes de l’ONU présentes à Nouakchott.

L’expulsion de Jean-Marc Pelenc, après sa sortie de l’aéroport, a été présentée par les autorités mauritaniennes comme un dysfonctionnement administratif en contradiction avec la volonté d’ouverture du nouveau pouvoir.

Elles ont invité Jean-Marc Pelenc à revenir en Mauritanie dès qu’il le souhaitait et ont déclaré que le pays était “ouvert aux visiteurs quels que soient leurs opinions, origines ou religions”. Nous déplorons vivement cet événement mais saluons ce nouveau discours.

Notre Président n’a pas souhaité revenir en Mauritanie pendant notre mission pour ne pas focaliser l’attention des médias sur sa situation. Il est vrai qu’un article diffamatoire publié sur le site d’El wian, traduit et repris par le site Adrar-infos, et un tweet lamentable d’une ambassadrice du Ministère des Affaires Etrangères, qui a démissionné depuis, avaient déjà montré que cette expulsion pouvait être une occasion de s’exprimer pour des opinions profondément réactionnaires et antisémites défavorables à l’avancée des droits humains en Mauritanie et ne s’embarrassant pas de grandes exigences sur l’exactitude des informations véhiculées.

Nous avons réagi à ces propos lors de notre conférence de presse du 15 janvier.

Notre délégation a pu longuement rencontrer les cadres dirigeants d’IRA ainsi que des militants des différentes sections de Nouakchott : la chaleur de leur accueil, la place faite aux femmes, le niveau d’analyse de la situation complexe du pays et la forte détermination à poursuivre leur combat de façon pacifique pour une Mauritanie libérée des discriminations racistes nous ont beaucoup impressionnés.

Le chantier est immense au vu de toutes les situations qui nous ont été décrites : esclavage par ascendance dans plusieurs communautés et esclavage moderne, impossibilité d’accéder au foncier même sur des terrains travaillés depuis des générations, difficultés extrêmes de se faire recenser pour beaucoup de Haratine ce qui entraîne par exemple l’impossibilité de voter et de scolariser ses enfants à partir du collège, stigmatisations à l’embauche une fois l’appartenance à IRA connue d’où des conditions de vie extrêmement difficiles…

Nous avons pu rencontrer de nombreuses victimes : d’anciens esclaves soutenus par IRA dans leur fuite, leur procès, leur scolarisation ou leur réinsertion parfois encore fragile, d’anciens prisonniers d’opinion que nous avions soutenus lors de leur incarcération qui ont pu témoigner des violences policières et tortures dont ils ont été l’objet pendant leur détention préventive et les mauvais traitements subis pendant leur incarcération.

Ils demandent justice alors que, jusqu’à présent, leurs tentatives de dépôt de plainte ont été refusées. Nos rencontres avec de nombreuses associations de défense des droits humains, petites ou grandes, nous ont permis en particulier de mieux connaître la situation de toutes les victimes du “passif humanitaire” et leur volonté, elles aussi, d’obtenir justice en demandant d’abord l’abrogation de la loi d’amnistie de 1993. La scolarisation et les droits des femmes sont également deux sujets de préoccupations importants.

Nous avons pu rencontrer M. Ould Hindy, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Mauritanie, avec qui nous avons échangé sur les directions qui semblent les plus judicieuses pour faire appliquer certaines lois, telle celle sur la présence d’un avocat pendant la garde à vue qui n’est pas appliquée et éviterait bien sûr beaucoup de mauvais traitements.

Les entretiens très cordiaux avec M. Bouhoubeyni, Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, et avec M. Ould Boukhreiss, Commissaire aux Droits de l’Homme nous ont permis de mesurer l’évolution du discours de cette autorité indépendante ainsi que celle du gouvernement. L’habituel déni des nombreuses violations des droits humains ne semble plus à l’ordre du jour.

Le gouvernement dit vouloir discuter des problèmes pour chercher des solutions, progressivement, avec la société civile et met en place des campagnes d’information et des modules pédagogiques sur les droits humains. On nous a annoncé une évolution prochaine vers un régime déclaratif pour les associations, ce serait peut-être enfin la possibilité de donner une existence légale à IRA-Mauritanie et au parti RAG dont les ancrages démocratiques ne peuvent être remis en cause.et pour lesquels le soutien populaire ne cesse de croître !

Les rencontres avec le Représentant du Haut Commissaire des Droits de l’Homme de l’ONU, l’Ambassadeur de France, l’Ambassadrice d’Allemagne, le Chef de Délégation de l’Union Européenne et la Conseillère politique de l’Ambassadeur des USA nous ont permis de partager des analyses sur l’évolution de la question des droits humains depuis l’investiture du président Ghazouani, en août dernier et de mieux comprendre certaines stratégies de ces acteurs.

Ce qui nous semble prédominer chez nos interlocuteurs est bien le soulagement de voir certaines pratiques du pouvoir précédent progressivement disparaître, l’envie d’accompagner les évolutions positives et l’attente d’actes concrets qui témoigneraient de cette volonté.

Dans les chancelleries, on semble faire davantage crédit aux nouvelles autorités que dans les associations mauritaniennes, mais tous disent vouloir accepter la main tendue et pressent le gouvernement d’apporter des améliorations concrètes vu l’importance du chantier !

Notre association s’inscrit bien sûr dans cette volonté d’accompagner avec vigilance les changements progressifs vers un plus grand respect des droits humains en Mauritanie, en particulier en ce qui concerne l’esclavage et les discriminations raciales.

La délégation d’IRA-France-Mauritanie


Source : IRA France Mauritanie
par Par M. CAMARA Issa 20 avr., 2024
La situation à Toulel est de toute évidence le reflet de tensions profondes entre différentes couches sociales, notamment entre la féodalité et les personnes issues de familles anciennement « serviles ». Les aspirations à une société plus juste et égalitaire rencontrent des résistances de la part de ceux qui souhaitent maintenir leur position de pouvoir. La lutte pour la dignité et la liberté est donc confrontée à des obstacles culturels et sociaux importants. • Les faits : A la suite de la fermeture de la coopérative qui regroupait toutes les femmes du village de Toulel, SOOBÉ KAFO (une coopérative de femmes issues de familles anciennement “serviles’’) a entamé des démarches administratives afin d’obtenir un terrain pour poursuivre leurs activités maraîchères. D’autant que leurs “consœurs” du village issues de la féodalité ont pu aménager un vaste terrain octroyé par les siens. Il faut dire que la fermeture de la première coopérative villageoise est liée au conflit qui opposait les natifs (féodaux versus les descendants de Souleymane Feinda, considérés comme étant d’extraction servile) de Toulel résidant à l’étranger plus précisément en France. Ces derniers réclament plus de justice sociale et d’égalité entre tous les membres du village. En effet, déterminée à perpétuer son héritage culturel et la reproduction sociale qui lui permet de se maintenir dans sa position hiérarchique, la féodalité de Toulel impose son hégémonie dans tous les domaines de la vie du village, allant de la confiscation de la caisse du village dans la diaspora (en France particulièrement), l’accaparement de la caisse et la maison des ressortissants de Toulel à Nouakchott et à Dakar jusqu’à l’exclusion des femmes de certains militants anti-esclavagiste de l’ancienne coopérative du village. Ainsi, les femmes de SOOBÉ KAFO en furent des victimes collatérales car le préfet du département de Maghama va décider de mettre fin à l’exploitation du terrain qui appartenait à toutes les femmes du village. La décision du préfet, bien qu’elle puisse être fondée sur des considérations administratives, semble favoriser davantage les intérêts de la féodalité de Toulel au détriment de l’égalité et de la justice pour toutes les femmes du village. Mais, en dépit des obstacles rencontrés, les femmes de SOOBÉ KAFO ont continué à se battre pour leurs droits et ont finalement obtenu une première victoire. En effet, le Maire, qui jadis faisait la sourde oreille a fini par les entendre et formuler une demande le 7 septembre 2023 auprès de la préfecture de Maghama. Après l’examen du dossier de la coopérative SOOBÉ KAFO, le préfet a émis un avis favorable le 3 octobre 2023 pour l’exploitation d’un nouveau terrain. Leur persévérance démontre leur détermination à faire valoir leurs droits et à surmonter les injustices auxquelles elles sont confrontées. Cependant cette première victoire fut rapidement écornée. Au démarrage des premiers travaux de la coopérative, un féodal-esclavagiste du nom de Coly SOUMARÉ bénéficiant du soutien inconditionnel de son clan, vint implanter des poteaux sur le terrain de la coopérative des femmes en prétextant que celui-ci est son domaine privé qu’il a hérité de ses aïeux. Une belle manière de créer un litige afin que le terrain ne soit pas exploité par SOOBÉ KAFO. M. Soumaré ne possèderait aucune preuve matérielle attestant qu’il est le propriétaire du terrain en question si ce n’est qu’il est issu de la famille régnante. Lui comme tous les membres de son clan peuvent disposer de tous les terrains du village à leur guise sans avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. Bien que les femmes SOBÉ KAFO aient introduit une nouvelle demande auprès du Maire qui a son tour l’a instruit à la préfecture (qui a enfin émis un avis favorable à l’exploitation du terrain), la féodalité de Toulel semble trouver une solution pour arrêter les travaux. Les femmes de SOBÉ KAFO se sont rendues à la préfecture de Maghama afin que le préfet puisse régler cette histoire mais ce dernier évite de trancher et exhorte les femmes et les féodaux à régler le litige à l’amiable. Il y a des tentatives de la part de ces femmes et hommes opprimés mais toujours est-il que la féodalité défie l’autorité administrative et étatique de sorte que le nouveau préfet a fini par céder à ses caprices en suspendant les travaux sous prétexte qu’un terrain en litige ne peut pas être exploité par un des protagonistes. Il est inconcevable de voir que malgré les efforts des femmes de SOBÉ KAFO pour faire valoir leurs droits légitimes, la féodalité de Toulel continue de contester leur accès au terrain. L’attitude évasive du préfet dans la résolution du litige et sa décision de suspendre les travaux favorisent sans aucun doute les intérêts de la féodalité au détriment de la justice pour les femmes opprimées. C’est un rappel que la lutte pour l’égalité et la dignité peut être longue et difficile, mais il est important de persévérer dans la quête de justice. CAMARA Issa
par Rédaction de Cridem 28 août, 2021
En Mauritanie, les difficultés d'enrôlement à l'état civil se posent avec acuité pour de nombreux mauritaniens. Ce lundi 16 août, l’organisation de défense des droits de l’Homme, SOS Esclaves, a organisé une journée de sensibilisation sur la nécessité de l’accès à l’état-civil aux victimes de l’esclavage, dans le cadre d’un programme financé par l’ambassade des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie. SOS Escalves compte, d’ailleurs, lancer en ligne une pétition visant à assouplir les conditions d'enregistrement à l'état civil pour les victimes de l’esclavage. Lors de cette journée, nous avons recueilli les avis de Samory ould Beye, Brahim ould Ramdhane et Sneiba ould Kory sur cette lancinante problématique de l'inscription dans les fichiers d'état civil. Samory ould BEYE, secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM) : «Ce problème d’accès à l’état-civil des esclaves ou anciens esclaves doit trouver des solutions. Ça peut se faire à travers des propositions, un diagnostic de cette situation pour savoir où se trouvent les entraves, les problèmes réels et apporter des solutions, suggérer des solutions à l’Etat, chercher à impliquer ou à amener d’autres forces ou puissances économiques comme la Banque mondiale ou l’Union européenne à s’investir dans un programme national qui vise réellement à permettre à ces catégories de populations d’accéder ou au moins de faciliter leur accès à cet état-civil. Quand on exige d’un père ou d’une mère ou à quelqu’un d’autre qui n’a jamais connu sa mère ou son père, ça veut dire qu’on le prive des opportunités d’accéder à l’état-civil. Il faudrait que nous puissions tenir compte de certaines réalités sinon nous risquons d’avoir 30% ou 40% d’une population apatride. Avoir une population de ce pourcentage apatride c’est grave. Une population qui ne s’identifie pas, qui n’a pas la nationalité. Toutes les générations futures n’auront jamais cette possibilité de se doter de papiers d’état-civil et elles deviendront apatrides. C’est très grave pour un citoyen d’un pays qui n’a pas ses droits et quand on n’a pas accès à l’état-civil, on a aucun autre droit, droit au travail, droit au crédit agricole ou bancaire.». Brahim Ramdhane, président de la Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l'Homme, l'Appui à l'Education et à la Paix sociale : «Il y’a un grand problème pour l’accès à l’état-civil pour tous les mauritaniens mais particulièrement pour la communauté harratine et aussi nos frères négro-africains, halpoulars, soninkés et wolofs. C’est pourquoi on a tendance à dire qu’il y’a quelque chose de prémédité qui se cache derrière cette affaire. Il y’a des obstacles techniques, on peut les comprendre mais il y’a des obstacles plus ou moins politiques. La société civile doit agir vite parce qu’il y’a beaucoup de mauritaniens qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école, des milliers d’enfants qui sont nés hors mariage ne peuvent pas avoir leur état-civil parce que ça pose un obstacle. Il y’a les enfants victimes de l’esclavage et les victimes de l’esclavage qui quittent leur terroir et qui viennent ici en fuite ou qui quittent l’esclavage. Ça leur pose un problème parce qu’on leur demande de revenir pour être recensés. Il y’a les prisonniers, les anciens prisonniers qui viennent nous voir chaque jour pour dire voilà : celui-là était emprisonné pour 15-10 ans, 20 ans et il sort couper de toutes ses racines et il se trouve qu’il a des enfants qui doivent eux aussi avoir leur état-civil mais ça leur pose un grand problème. On doit lever le voile sur le côté politique. Ceux qui ont posé ce problème d’état-civil, ils l’ont réglé à 50%, ça, il faut le reconnaitre, mais, il y’a des problèmes qui se posent, des obstacles qui se posent, maintenant qu’on les connait, il faut trouver les solutions qui englobent tous les mauritaniens, qui facilitent l’accès, qui enlèvent certains obstacles et certains papiers inutiles. Les commissions qu’on crée pour valider la nature ou l’appartenance de la personne sont très mal conçues. Sur le plan tribal, régional, il y’a des règlements de compte. Quand un maitre esclavagiste est membre d’une commission, il ne va pas accepter de valider ses esclaves qui sont en fuite. Donc, ça pose un grand problème. Ces commissions n’ont pas de raisons d’être, d’autant plus qu’il y’a des maires, des communes, des responsables qui doivent jouer leur rôle et non ces commissions-là qui sont très mal faites». Sneiba Elkory, chargé de la Communication de SOS Esclaves : «L’accès à l’état-civil des anciens esclaves, c’est l’un des problèmes les plus importants en termes de séquelles de l’esclavage parce que des milliers de personnes en souffrent. C’est une question très urgente. Les conditionnalités d’accès à l’état-civil sont très drastiques et rigides et pratiquement irréalisables pour ces esclaves-là. C’est un problème sérieux qui peut menacer la cohésion sociale, il y’a un déséquilibre patent qui fait vraiment peur, qui fait froid dans le dos quand on constate que des centaines de milliers de gens sont dans l’incapacité de se faire enregistrer. Quelqu’un qui n’est pas enrôlé, il n’existe pas civilement, il ne peut pas accéder à aucun droit y compris celui de l’éducation, de profiter de toutes les opportunités offertes». Dans les prochains jours, SOS Esclaves compte toucher les autorités mauritaniennes notamment le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur afin qu’ils prennent connaissance de la situation. Une démarche qui vise à assouplir les conditions d’enrôlement des victimes de l’esclavage. Texte par : Babacar BAYE NDIAYE – Journaliste à Cridem
par Gaye Traore 28 août, 2021
Le Calame - Les obstacles administratifs résultant de procédures complexes d’enrôlement à l’etat-civil ont été au centre d’une journée de sensibilisation sur la nécessité de l’accès à l’etat-civil aux victimes de l’esclavage tenue ce 16 août 2021 à Nouakchott. Organisée par SOS Esclaves, avec l’appui de l’ambassade des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie, cette journée s’inscrit dans le cadre d’un projet global visant à permettre aux victimes de l’esclavage de disposer de pièces d’etat-civil. Ont pris part à cette journée, le président de la Fondation Sahel Brahim Bilal Ramdhane, le secrétaire général de la CGTM Samory Ould Bèye, Mme Hapsatou Cheikh Bocoum, représentante de la Commission nationale des droits de l’homme, des cadres de SOS Esclaves et le directeur adjoint des droits de l’homme Mohamed Ould Saleck. La séance était présidée par le troisième vice-président de SOS Esclaves, Abdellahi Ould Nagi. Dans son discours, il a rappelé la nécessité de faire enrôler les victimes d’esclavage et du reste de tous les mauritaniens non sans évoquer les actions entreprises par son organisation. Une vaste sensibilisation est menée à cet effet avec les organisations de la société civile en prélude à un large plaidoyer qui sera mené par SOS Esclaves, Fondation Sahel, AMDH, AFCF, Kavana et la CLTM auprès du Chef de l’Etat, du premier ministre, du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation et des chancelleries. Il s’agira d’interpeller les autorités à la nécessité d’assouplir les conditionnalités d’accès l’etat-civil. Les conditions d’enrôlement sont très drastiques voire irréalisables, ont affirmé plusieurs intervenants lors de la rencontre. Selon eux, il urge de réparer ces anomalies qui menacent la cohésion sociale et entraînent un déséquilibre total. D’autant que de milliers de personnes sont aujourd’hui dans l’incapacité de se faire enrôler et sont inexistants, à l’état-civil. De nombreux citoyens n’ont pas pu mener à bien la procédure d’enrôlement biométrique à l’état-civil qui a débuté en 2011. La procédure complexe d’enrôlement à l’état-civil limite les inscriptions de certains enfants à l’école publique et les empêche de passer des examens nationaux ou de profiter des opportunités offertes. La situation est plus dramatique pour les victimes d’esclavage. De nombreux cas ont été relatés durant la journée par les participants. Face à cette situation, SOS Esclaves et ses partenaires projettent de mettre en ligne une pétition pour un assouplissement des conditionnalités. Source : Le Calame (Mauritanie) via Cridem.org
par SONINKIDÉES-J'OSE 28 août, 2021
Il s’appelait Adama Samba Coulibaly connu communément Boubou Artoumo. Un géant de 58 ans natif de Dafort dans la région du Guidimagha (Sud mauritanien). Dans la nuit du 25 août 2021 à Nouakchott, il a été rattrapé par l’irréversible rendez-vous (La Mort) qui traque toute vie sur Terre d’une manière ou d’une autre. Responsable de la section Amees Dafort (association mauritanienne pour l’éradication de l’esclavage et ses séquelles), il était un pilier du mouvement anti-esclavagiste soninké Ganbanaaxu Fedde. Mouvement populaire (fondé en 2016) militant pour l’égalité sociale et contre les mentalités féodales et esclavagistes qui relèguent et discriminent les descendants d’esclaves Soninkés. Vaillamment mobilisé dans cet engagement droit-de-lhommiste, il a pris part avec dignité à la défense des droits citoyens et sociaux de la communauté Ganbanaaxu Dafort. Également conseiller municipal depuis septembre 2018, tonton Boubou Artoumo a été injustement emprisonné par 2 fois (49 jours à Selibaby en 2017 et 2 jours 2020 à Nouakchott). Cela suite à des plaintes fallacieuses et autres bizarreries administratives et judiciaires orchestrées en coulisses par des détracteurs mesquins troublés socialement par la cause anti-esclavagiste au sein de la communauté soninké notamment à Dafort. Ces gens comptaient le faire renoncer en vain, sa résilience et sa détermination ont fait son renom inscrit à jamais dans notre conscience sociale et citoyenne. Analphabète, monsieur Coulibaly a su s’imprégner de l’éveil du militant fièrement avec respect par son aura de tribun très conscient de la phase historique des enjeux sociaux en cours. Il a été calomnié et insulté fréquemment par certains haineux déclassés socialement via les réseaux sociaux notamment WhatsApp. En Mars 2019, par diverses intrigues manipulatrices ourdies par l’ancien ordre coutumier, on voulait atteindre son activité professionnelle de boucher avec un embargo causant une séparation avec certains travailleurs bouchers acquis à la domination coutumière du village. Ainsi il était interdit formellement aux acheteurs d’aller chez lui. Il s’était réorganisé avec ses partenaires issus de la communauté Ganbanaaxu, pour poursuivre leurs activités de boucher en servant avec efficacité les familles Ganbanaaxu Dafort. Ce présent témoignage à son sujet revêt une mission obligatoire pour ma conscience, car sa mémoire honorable le mérite amplement. Il croyait à des réformes sociales pour notre communauté où l’esclavage par ascendance est érigé socialement comme marqueur « valorisant » à faire perpétuer. Ainsi le Lion Massassi a accompli sa mission dignement, il est parti Digne et Libre. Il a su dissocier les vraies personnes qui l’adulaient en homme utile collectivement et les fausses personnes qui se servaient jadis de lui occasionnellement pour magnifier l’ordre féodal discriminatoire et trompeur. Sa mémoire sera un nœud indéfectible de notre SERMENT pour plaider les visionnaires objectifs de cet engagement pacifique pour une vie sociale harmonieuse et juste dans SONINKARA. inshâAllah. ✓Paix éternelle à votre Âme, cher oncle. Ameen ~ Votre fils Koundou SOUMARÉ, mes respects.
par Gaye Traore 16 août, 2021
Synthèse du rapport sur les problèmes de la vallée élaboré par la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) en fin août 2020 a) De la spécificité de la vallée du fleuve Sénégal La vallée du fleuve Sénégal est une zone naturelle parcourue par le fleuve du même nom, qui prend sa source au FOUTA DJALON en Guinée Conakry. Les populations qui vivent dans cet espace ont pour principales richesses les activités liées à l’exploitation de ces terres réputées des plus fertiles. La vallée du fleuve Sénégal est partagée entre quatre pays qui ont décidé, dans les années 70 de faire de cet espace naturel, une zone de développement partagée régie par une organisation commune à l’ensemble des pays : L’OMVS. On comprend donc pourquoi ces populations sont si attachées à leur terre et à tout ce qui organise l’occupation du sol. Au niveau de la Mauritanie, cette zone n’est pas seulement une zone naturelle, mais aussi une zone frontalière avec le Sénégal et même indirectement avec le Mali. Sa gestion est donc toute particulière et ses administrateurs doivent recevoir une formation spécifique, en gouvernance des préfectures fluviales, à l’instar des préfectures maritimes dans le monde ou les préfectures sahariennes. Il y va de la bonne gestion de la partie mauritanienne de la vallée du fleuve Sénégal. b) Le cadre de la mission L’Assemblée Nationale et ses groupes parlementaires, encouragent les honorables députés à s’enquérir davantage des problèmes des populations relevant de leurs circonscriptions respectives, surtout au niveau des grandes zones spécifiques de développement du territoire national, telles que : la zone du littoral, la zone oasienne, la zone du fleuve, la zone agro pastorale et la zone minière. C’est ainsi qu’un groupe de députés, issu de différents partis politiques, s’est constitué en Coordination des Députés de la Vallée (CDV) et a décidé de s’enquérir des problèmes des populations à travers une mission qu’il a effectué du 25 au 29 août 2020 et ce dans les quartes Wilayas situées le long du fleuve que sont : le Trarza, le Brakna, le Gorgol et le Guidimakha c) Objectifs de la mission  Contribuer au renforcement de l’unité nationale et favoriser la cohésion sociale.  S’enquérir des problèmes des populations et expliquer à celles-ci le rôle et le travail des députés dans les domaines législatif et du contrôle de l’action du gouvernement à travers, comme exemple, la mise en place de la commission d’enquête parlementaire et les résultats auxquelles elle a abouti. d) Le contexte de la mission La mission de la Coordination des Députés de la Vallée s’est déroulée dans un contexte marqué par:  Un climat d’apaisement général de la vie politique dans le pays  Un programme consistant à réaliser des objectifs précis de développement, ayant trait à tous les secteurs, dont l’aménagement chaque année, de 5000 hectares.  Une situation mondiale caractérisée par une crise économique et sanitaire, comme conséquence de la pandémie du COVID 19, qui a amené chaque pays, à se mobiliser et compter principalement sur ses forces vives, notamment dans le domaine de l’autosuffisance alimentaire.  Les sécheresses récurrentes qui ont sévit en Mauritanie et qui ont surtout affecté les populations rurales notamment les agriculteurs et les éleveurs.  La fermeture partielle des frontières aériennes et terrestres suite au COVID 19, ce qui a ajouté davantage de précarités aux conditions de vie des populations.  L’arrivée des pluies torrentielles en fin juillet 2020, qui ont affecté la vallée avant la maturité du riz, causant des pertes ayant amené le gouvernement à engager des indemnités d’urgence aux agriculteurs.  Etc… Au vu de ce contexte global, la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a entrepris sa mission dans les quatre Wilayas de la vallée et a recueilli les doléances des populations qui ont souligné que c’est une première en Mauritanie, que des parlementaires, issus de tous les partis politiques représentés à l’hémicycle, aussi bien de la majorité que de l’opposition, en viennent à se déplacer pour écouter les populations et s’enquérir de leurs conditions. Au terme d’une analyse minutieuse du rapport général de la mission, la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a fait une synthèse qui décline les problèmes prioritaires suivant les axes ci-après : A) Doléances générales prioritaires communes à l’ensemble des wilayas, et devant faire l’objet d’approfondissement 1) L’état civil : un problème national mais très urgent dans la vallée Toutes les populations et leurs représentants entendus par la CDV, lors de sa mission, ont souligné qu’il existe de nombreux problèmes d'Etat civil partout dans le pays, mais qu’ils se posent avec beaucoup d'acuité, d'urgence et de gravité dans la vallée avec des à priori... Ils ont également souligné l’urgence de normaliser l’Etat civil, notamment au niveau de l’organisation de l’enrôlement, la fonctionnalité des centres et les dispositions à prendre rapidement pour doter les enfants en âge d’aller à l’école et les immigrés de papiers d’Etat civil. Recommandations de la CDV :  Réorganiser l’Etat-civil de Mauritanie sur la base d’un vrai service au citoyen en s’inspirant des expériences des pays voisins.  Créer et installer des comités locaux d’authentification, constitués d’imams, de chefs de villages et de représentants assermentés. 2) Le foncier : un problème national mais très pressant dans la vallée Les populations de la vallée ont vivement déploré, entre autres auprès de la Coordination des Députés de la Vallée (CDV), l’accaparement de leurs terres traditionnelles tel que celles de DAR AL BARKA, le traitement différentiel du foncier au profit du privé de la part des autorités administratives, la non protection des espaces vitaux des villages, la destruction des forêts sous prétextes d’aménagement, la gestion des terres de la Chemama à l’exemple de LEXEIBA 1, de l’entente foncière de Maghama, de LEXEIBA 2, etc. Recommandations de la CDV :  Garder le statuquo actuel dans l’attente de la révision de la loi foncière dans les meilleurs délais, notamment la définition du domaine foncier rural et des villages , ainsi que le domaine du foncier urbain.  Au sujet des investissements privés potentiels : des ententes foncières comme celles expérimentées déjà à Maghama en 1998 , doivent être le credo au bénéfice des populations, et sur la base de l’expérience des pays sahéliens dans le domaine des ententes foncières.  Redéfinir les espaces vitaux de chaque village et définir, pour chaque localité, son domaine foncier rural 3) L’accès à l’eau potable du fleuve et l’accès à l’hydroélectricité du fleuve Les maires et les associations de la vallée ont fustigé le fait que les populations soient au bord du fleuve, et qu’elles aient soif, ajouté au fait que les lignes hydroélectriques du fleuve passent au-dessus de leurs têtes sans qu’elles ne soient éclairées. Cette situation est d’autant plus frustrante que lorsqu’on regarde de l’autre côté du fleuve les villages sénégalais sont bien servis en eau et électricité et que le soir, il ne fait pas noir comme en bordure mauritanienne du fleuve. Recommandations de la CDV :  Entreprendre un vaste programme d’accès des populations de la vallée à l’eau potable à partir du fleuve jusqu’à 100 Km et sursoir à tout forage non nécessaire en bordure de la vallée.  Accélérer le programme d’électrification de l’Etat, complémentaire au programme de L’OMVS qui ambitionne d’électrifier chaque année plusieurs agglomérations. 4) Agriculture et élevage Les séances consacrées par la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) aux agriculteurs ont permis de dégager les axes ci-dessous. Outre l’accès des villageois en priorité aux terres agricoles, l’agriculture dans la vallée doit être révisée suivant deux axes : Premier axe : L’aménagement de superficies cultivables en faveur des familles rurales, notamment pauvres, accompagnée par le développement du crédit agricole familial et du petit matériel collectif partagé et la différenciation avec les périmètres privés qui doivent être régis par des cahiers de charge, une mécanisation adaptée et des banques agricoles. Deuxième axe : L’association AGRICULTURE-ELEVAGE dont les règles, les parcours et le stationnement du bétail, sont appliqués dans les pays voisins en toute quiétude et sans heurts entre éleveurs et agriculteurs. Recommandation de la CDV :  L’organisation d’Etats généraux sur l’agriculture et l’élevage dans la vallée, ou leur consacrer de séances de débats parlementaires. 5) Pêche continentale L es services régionaux de l’Etat dans les Wilayas de la vallée visitées, ont souligné l’importance des revenus que peuvent tirer les populations de la pêche continentale dans le fleuve, mais aussi dans les marigots et autres mares de la vallée. Ils ont déploré que des pêcheurs étrangers exploitent régulièrement le poisson de la vallée, parfois au détriment de l’environnement aquatique et sans ristourne pour les populations locales. Recommandation de la CDV :  Mettre en place dans les meilleurs délais UNE AGENCE NATIONALE DE PROMOTION DE LA PÊCHE CONTINENTALE EN MAURITANIE, chargée d’organiser, de former, d’encadrer et d’équiper les populations de pêcheurs éventuels. 6) Transport fluvial La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté le manque d’information au sujet des possibilités que peuvent tirer les populations du projet de navigation de L’OMVS. Recommandation de la CDV :  Elaborer un plan national de navigation et de cabotage dans le fleuve, les marigots et lacs de Mauritanie suivant les vocations d’écotourisme, de transport d’urgence en cas d’inondations, et de plaisance. 7) Désenclavement A entendre les autorités administratives des Wilayas de la vallée visitées, il y a deux types d’enclavement dans la vallée :  L’enclavement saisonnier suite à l’hivernage et aux crues du fleuve et dont une partie doit être prise en charge par L’OMVS (débordement du fleuve) et l’autre partie par l’Etat, suivant un programme ciblé de désenclavement des villages.  L’enclavement structurel par manque de plan d’occupation des sols et de pistes rurales dans la vallée. Recommandations de la CDV :  Elaborer dans les meilleurs délais, les plans d’occupation des sols (POS) prévus dans la loi de 2010 sur l’aménagement du territoire.  Créer des voies d'accès aux villages, en toutes saisons, afin d'éviter aux populations de passer par le Sénégal pour aller dans la capitale départementale située souvent à quelques kms de leurs lieux de résidence. 8) Santé et Education La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté partout dans la vallée:  Des écoles sans enseignants ciblés et parfois des écoles sans écoliers, mais aussi des écoliers sans écoles,  Des centres de santé sans fonctionnalité et sans médicaments primaires, Recommandations de la CDV :  L’application sans délai de la carte sanitaire dans la vallée et l’accélération des programmes de TAAZOUR sur la construction d’établissements scolaires et de centres de santé en concertation avec les communes.  Expérimentation de la méthode, en matière de santé rurale dans les villages éloignés, des caisses de santé primaire en partenariat avec les groupes pharmaceutiques privés et les ONG, notamment au profit des femmes qui doivent être formées sur les caisses de santé villageoise. 9) Emploi des jeunes La CDV a constaté le nombre important de jeunes désœuvrés dans les Wilayas et dont les projets élaborés en leur faveur par le ministère de l’emploi, demeurent insignifiants. Ces jeunes en abandon scolaire, ou sans qualification, ont besoin de formations urgentes et adaptées en fonction de la situation de chaque Wilaya du fleuve. Recommandation de la CDV :  Former les jeunes dans le cadre d’un service civil national expérimental en partenariat avec les communes.  Lancer un programme d’accès à la technologie pour les jeunes, accompagné d’un micro crédit en faveur des jeunes désœuvrés.  Former les jeunes dans les secteurs vitaux (agriculture, élevage, etc…) 10) Accès au crédit et entreprenariat La CDV a constaté que les crédits existants ça et là dans la vallée, sont inefficaces et décriés par les ONG et les communes : Exemple de la CDD, les caisses d’épargne, etc…. Ces crédits doivent être mieux orientés comme par exemple : le crédit féminin, le crédit agricole familial ou encore le crédit à l’élevage. Les initiatives locales ne sont pas libérées et aucune structure de formation aux micros entreprises n’existe dans les Wilayas visitées. Recommandation de la CDV :  Délocaliser le système des GIE au niveau des Wilayas et lui ajouter comme missions complémentaires, la formation à la création d’entreprises et à la créativité avec discrimination positive pour les femmes. 11) Environnement La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté les nombreuses dégradations de l’environnement dans la vallée rapportées par les services techniques régionaux à l’exemple des défrichements non autorisés, de l’exploitation abusive des forêts classées, de la destruction des paysages à l’exemple de la zone EL ATF dans le Gorgol. Parallèlement à ça, les services d’environnement sont démunis, sans moyens et même sans véhicules. Recommandation de la CDV :  Entreprendre avec les populations locales, un programme de protection des ressources naturelles avec des patrouilles villageoises à tour de rôle et en partenariat avec les services d’environnement et autorités administratives.  La carbonisation doit être interdite progressivement, avec culture pour le bois d’œuvre et culture du prosopis à carboniser, en fonction des groupements de villages voulant développer l’énergie de cuisson au charbon. Lancer le programme d’éducation environnementale appliquée suivant la méthode 1 écolier = 1 arbre en partenariat avec les écoles rurales des communes. B) Les projets structurants La construction d’un chemin de fer en BOT (Build Operate and Transfer entre), reliant le Nord au Sud, valorisera le transport du gravier, de la pierre de construction en remplacement de la brique en ciment, des minerais et du transport de bétail, des céréales, des légumes, etc….Reprendre la culture de l’indigo dans la vallée. Recommandations de la CDV :  Revitaliser la cellule du chemin de fer qui a été créée en 2007 auprès du cabinet du ministère de l’équipement.  Développer et promouvoir la culture de l’indigo dans la vallée C) Missions de la CDV  Effectuer des missions de concertations et d’échanges auprès des pays voisins pour s’enquérir et s’inspirer de leurs expériences et expertises sur la gestion des projets de développement économique et social. D) Conclusion La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) tient à remercier les populations des wilayas visitées, l’administration locale et les élus locaux. Elle remercie également l’Assemblée Nationale pour son appui et son soutien dans la prise en charge et la couverture médiatique de cette mission. Elle tient en fin à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de cette mission. Le président de la Coordination des Députés de la Vallée Sidney Sokhona
par Gaye Traore 15 août, 2021
✓Notre Déclaration par Monsieur Samba Fofana , le vice-président Armepes-France Le 31 juillet 2021 à #Dafort dans la région du Guidimagha, monsieur Samba Moussa Koné (47 ans) militant anti-esclavagiste du mouvement Ganbanaaxu Fedde, a été sauvagement lynché, assommé et ligoté comme un animal dans un guet apens orchestré par un clan familial issu des milieux féodaux défenseurs des coutumes esclavagistes sur place. Les images atroces de ce forfait abject sur lui ont fait le tour du monde entier, prises et diffusées dans les officines des réseaux sociaux notamment WhatsApp proches du camp féodalo-esclavagiste soninké. Le seul tort de monsieur Koné est d’avoir rejeté les assignations discriminatoires liées à l’esclavage par ascendance dans la communauté soninké. Ainsi sa famille et d’autres familles dans différentes localités villageoises sont visées par diverses atteintes à leurs droits fondamentaux de citoyens notamment par des expropriations de terres, des privations de certains services du domaine public, d’autres pressions sociales et d’harcèlements judiciaires. Aujourd’hui l’objet de notre manifestation se veut une énième alerte destinée aux hautes autorités de notre pays, au président de la République Mohamed Cheikh El-Ghazouani en personne sur une situation sociale d’une extrême gravité autour des problématiques liées à cet esclavage coutumier dans la communauté soninké au Guidimagha. Avant la criminelle agression sur notre frère Samba Moussa Koné, il y’a eu d’autres événements gravissimes comme le tir à fusil sur 2 jeunes d’une vingtaine d’années Diadie Aly Traoré et Bakary Sankhare à Hamedallaye, l’agression violente par Moto sur notre tante Madjigui Moctar Coulibaly (61 ans) à Hassi-Chaggar et la lâche attaque sur notre sœur Assata Dicko (40 ans) à Danguerimou il y a quelques semaines . Nous dénonçons cette série de violences graves sur nos paisibles parents qui se sont levés pour retrouver leur dignité humaine et sociale dans la communauté. Ainsi nous appelons : • à une prise en compte sérieuse de la question par les autorités administratives et judiciaires avec l’application effective des lois pour garantir l’état de droit entre tous les citoyens quel que soit l’endroit sur notre territoire, • qu’une attention aiguisée soit portée aux réseaux de soutiens de cette idéologie sociale de l’esclavage par ascendance dans la diaspora notamment en France. Leurs discours de haine et d’incitation à la violence via WhatsApp contre les familles qui rejettent les humiliantes coutumes dans les villages, ont une grande responsabilité dans ce qui se passe dans nos terroirs. Paris 14 août 2021 ARMEPES-France et Partenaires (Réseaux Ganbanaaxu Fedde) ✓Notre site web : https://www.ganbanaaxufedde.com/
par Gaye Traore 04 août, 2021
L'ESCLAVAGE PAR ASCENDANCE CHEZ SONINKÉS EN MAURITANIE : LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE LA JUSTICE Monsieur le Ministre, Nos salutations respectueuses. Dans la région du Guidimagha, une ligne rouge a été franchie dans la matinée du 31 juillet 2021 à Dafor (département de Ould yenge) par l'extrémisme féodalo-esclavagiste soninké. Dans ce village comme dans de nombreuses autres localités villageoises, les litiges fonciers liés à l'esclavage par ascendance ne se comptent plus depuis quelques années. Les autorités administratives et judiciaires sont quasiment mises au pas devant les milieux féodalo-esclavagistes Soninkés qui s'en prennent à des nombreuses familles issues de la composante sociale des descendants d'esclaves qui rejettent les humiliations des assignations coutumières de l'esclavage statutaire. Le 28 juillet dernier, nous avons organisé un sit-in d'alarme devant la Présidence à Nouakchott sur les tensions qui couvent à l'approche des premières pluies. À l'occasion une communication a été adressée au secrétariat de la Présidence au nom de notre mouvement pacifique d'éveil humaniste et citoyen Ganbanaaxu Fedde. À Dafort, un membre de notre communauté répondant au nom de Samba Moussa Koné a été violemment agressé en brousse par une bande d'éléments issus de l'ordre féodal du village. Un véritable guet apens terroriste orchestré à son encontre quand il est parti visiter la parcelle de terre de sa famille héritée depuis plusieurs générations, suspendue par la justice depuis 2018 par complicité avec les milieux féodaux. Ainsi ce jour monsieur Samba Moussa Koné a été lynché par ce groupe aujourd'hui identifié en grande majorité et dénoncé aux autorités de Ould yenge. Les images choquantes de son agression ont tourné largement sur les réseaux sociaux ces derniers jours, vous le verrez ci-jointe en photo lâchement assommé et ligoté comme une bête par ses assaillants. Notre présent Sit-in vise un énième signalement auprès des hautes autorités étatiques notamment au département de la Justice, sur les pratiques douteuses voir complices de la justice régionale du Guidimagha. Les graves violations des droits humains se suivent mais les décisions judiciaires ne sont jamais à la hauteur. Nous sollicitons une audience d'urgence auprès de votre bienveillance monsieur le ministre afin de pouvoir vous édifier davantage avec preuves matérielles à l'appui les graves conditions sociales que vivent nos familles qui refusent la soumission de l'esclavage par ascendance dans les villages soninkés du Guidimagha. Ces derniers mois et semaines, on peut citer plusieurs incidents graves autour cet esclavage statutaire , à Danguerimou, à Hassi-Chaggar, à Tachott (les 2 villages), à Ghabou, à Coumbadaw, à Artoumo et d'autres, et la terrible agression de Dafort suit cette série dans laquelle les milieux féodaux se disent ne reconnaître que leurs coutumes esclavagistes face à l'ordre étatique. Par conséquent des paisibles citoyens paient un lourd tribut dans cette situation infernale de Non-droit. Notre lettre d'information et d'alerte sera remise à la presse également pour prendre à témoin l'opinion publique nationale et internationale. ✓ Nos contacts : 222 46455504 ou 336951738 Le Collectif des Associations de lutte Contre les Pratiques de l’Esclavage en Milieu Soninké (Ganbanaaxu Fedde et partenaires) Nouakchott, le 4 Août 2021
par Gaye Traore 29 juil., 2021
Lutter pour les mêmes droits et les mêmes devoirs pour les Hommes ; dans l’organisation sociale soninké, la lutte contre l’esclavage par ascendance d’autres te disent il ne faut pas diviser. De quelle division on nous parle ? L’hôpital se moque encore de la charité. Les études ethnologiques démontrent clairement que la société soninké est divisée à trois niveaux : les Hooro, les Niaxamala et les Komo ; et les individus sont définis par des fonctions sociales précises. De quelle autre division on nous parle encore ? La lutte contre l’esclavage par ascendance n’est pas un fantasme ni une lutte de division mais une lutte pour l’union et la promotion d’une société soninké égalitaire et digne . Elle n’est pas une lutte pour plaire ou d’être aimé par quelqu’un mais quelque chose de fondamental dont nous sommes obligés de rétablir le respect et la dignité humaine. L’individu n’est pas être défini et limité par une fonction sociale précise. Nous sommes libres de ce que nous voulons être et devenir. Personne ne peut et n’a le droit de me définir ou de m’imposer qui je dois être ou devenir. ©️ Crédit source : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10209034834303782&id=1705378100
par Gaye Traore 26 juil., 2021
Ce Samedi 16 février 2019, s’est tenue une table ronde sur l’abolitionnisme africain au 21ème siècle avec comme principaux intervenants, 2 activistes abolitionnistes connus, le président du mouvement IRA-Mauritanie Mr Biram Dah Abeid (député mauritanien) et Mr Ali Bouzou du Niger, secrétaire général de l’ONG Timidria et secrétaire exécutif du Réseau ouest-africain de lutte contre l’esclavage. Dirigée par Mme Catarina Madeira-Santos, EHESS (l’École des Hautes Études en Sciences Sociales), la rencontre tenue au sein de l’Amphithéâtre François Furet a eu un franc succès par la teneur des interventions et l’affluence du public. Dans sa communication, Mr Ali Bouzou a pointé le déni et les contradictions émanant des pouvoirs publics dans son pays et d’autres de la sous-région autour des problématiques liées à l’esclavage. Par la suite le leader abolitionniste mauritanien Biram Dah Abeid, récemment fait Docteur honoris causa par l’UC Louvain en Belgique, a rappelé le difficile cheminement du combat abolitionniste qu’il mène depuis une décennie avec son organisation IRA-MAURITANIE (Toujours non reconnue par les autorités de Nouakchott). Le leader abolitionniste élu député au parlement mauritanien en septembre dernier, indexe un certain système de valeurs tenu par des segments esclavagistes eux-mêmes soutenus par le pouvoir étatique en place. Il appelle à un esprit de rebelle contre une légitimation de l’esclavage comme mode de vie sous le référent tronqué du religieux . Le Prix Onusien 2013 pour son engagement pacifique pour les Droits Humains et candidat déclaré à l’élection présidentielle 2019 en Mauritanie, pense que l’engagement politique est un des outils menant à un abolitionnisme efficient à terme. Cet angle de vue de la voie politique dans l’engagement abolitionniste est aussi encouragé par le responsable Nigérien de TIMIDRIA. Au cours de la table ronde, l’universitaire mauritanien Abdel Wedoud Ould Cheikh a étayé sa communication en commentaires très instructifs sur une certaine légitimation religieuse de l’esclavage. Lors des échanges avec le public, un focus a été mis sur les récents événements gravissimes liés aux mentalités esclavagistes et féodales en milieux soninkés notamment dans la région de Kayes. En répondant, le président d’IRA-MAURITANIE, réplique que les lamentations depuis ici à l’étranger ne servent pas grand chose sans un engagement courageux de résistance face aux esclavagistes sur le terrain. Par ailleurs il a reproché avec franchise à certains éléments mauritaniens du mouvement GANBANAAXU FEDDE (Mouvement abolitionniste ancré chez les soninkés) qui s’affichent politiquement avec le système étatique alors que ce dernier est le premier défenseur des forces esclavagistes de tous les bords. @Crédit source:https://soninkideesjose.wordpress.com/2019/02/
par Gaye Traore 19 juil., 2021
En 1924, Charles et Willa Bruce, un couple noir, possède un terrain au bord de l’océan Pacifique, à Manhattan Beach, au sud de Los Angeles. Ils y construisent un village de vacances destiné aux Noirs qui, en raison de la ségrégation, n'ont accès qu'à très peu de plages. Mais la ville va alors exproprier les Bruce. Près d’un siècle plus tard, le comté de Los Angeles va enfin rendre ce terrain aux descendants de Charles et Willa. Dans les années 1920, en Californie, le complexe balnéaire des Bruce connaît un véritable succès. C’est la destination des familles afro-américaines de la région pour le week-end. Mais Charles et Willa Bruce ne vont malheureusement pas profiter longtemps de ce petit paradis. Pour le Ku Klux Klan, il n’est pas question de permettre à cette communauté d’avoir accès à cette plage. L'organisation crève les pneus des voitures des visiteurs, tente de mettre le feu au bâtiment et harcèle les Bruce. Alison Rose Jefferson est historienne et auteure du livre Living the California Dream: African American Leisure Sites During the Jim Crow Era. Pour elle, l’histoire de cette famille noire n’est pas unique dans la région : « Au début des années 20, les Blancs du quartier ont réussi à convaincre le conseil municipal de la ville de reprendre le terrain au couple. C’était leur moyen de chasser les Noirs. D’autres familles noires ont connu le même sort ! Et le résultat est qu'aujourd’hui : 35 000 personnes vivent à Manhattan Beach, et moins de 0,5 % sont d’origine afro-américaine ! » Un rêve brisé et des descendants privés d'héritage Le couple Bruce déménage et s’installe dans le sud de Los Angeles. Mais dépossédés de leur bien, Charles et Willa qui sont devenus ouvriers, ne surmonteront pas cette épreuve et décèdent cinq ans plus tard. « Je pense que le rêve californien des Bruce – de même que celui d’autres Afro-Américains –, leurs rêves, ont été volés ! » lance l'historienne Alison Rose Jefferson. « Ce bout de terrain repris, c’est la perte pour le couple Bruce de leur entreprise : ça, c’est ce qui est arrivé à la génération de Willa et de Charles Bruce, continue-t-elle. Mais de ce fait, ils n’ont pas pu transmettre cette propriété à leur fils ; ce dernier, n’a pas pu non plus la transmettre à ses descendants ! » L’histoire des Bruce est en effet une illustration parfaite du concept de « richesse générationnelle » : les descendants ont été privés d’héritage. Le terrain vaudrait 75 millions de dollars. Cet argent aurait pu être une source de richesse transmise aux enfants et petits-enfants, mais également de prospérité pour la ville de Manhattan Beach.C’est ce qu’explique la militante noire-américaine Kavon Ward, fondatrice de l’association Justice for Bruce's Beach, (Justice pour la plage des Bruce, en anglais). « Quand des familles noires ont été spoliés de leur terrain, ce n’est pas simplement cette propriété qui leur était enlevée. C’est une accumulation de capital de génération en génération qui leur échappait, explique la militante. On leur a ôté l’opportunité de devenir millionnaires ou milliardaires, d’envoyer leurs enfants à l’université, et que ceux-ci réussissent dans la vie. Je pense qu’il est temps que ce pays nous indemnise pour ce que l’on a subi. » Un long combat Duane Shepard est l’un des descendants de la famille Bruce. Son combat dure depuis des années. Même si les choses changent, elle remarque qu'il y a toujours des réticences au retour de leur bien spolié : « Maintenant que la jeunesse a enfin réalisé que pour obtenir justice, elle doit se battre, c’est vrai que le climat actuel favorise notre lutte. Mais, il y a toujours des gens qui enragent de nous voir obtenir justice : ils ne veulent pas de nous à Manhattan Beach Si tu restes assis silencieusement et que tu n’affrontes pas le passé, tu n’obtiendras jamais rien ! » La descendante du couple Bruce espère faire de son combat un exemple : « Je pense que nous sommes en train de créer un précédent et notre lutte va servir d’exemple pour les prochains combats. Des centaines de familles afro-américaines dans ce pays ont subi la même chose et donc, on peut espérer que ce sera une inspiration pour elles, pour qu’elles se défendent et obtiennent réparation. » Le meurtre de George Floyd, le mouvement Black Lives Matter, force les États-Unis à faire face à son passé raciste. Et le couple Bruce, spolié de sa terre, pourrait ainsi devenir un emblème de la lutte pour les réparations. Le meurtre de George Floyd, le mouvement Black Lives Matter, force les États-Unis à faire face à son passé raciste. Et le couple Bruce, spolié de sa terre, pourrait ainsi devenir un emblème de la lutte pour les réparations. Le sénateur californien et membre de la commission sur les réparations, Steven Bradford montre le cas de Bruce’s Beach en exemple pour illustrer comment les Noirs ont été empêchés de s’élever dans l’échelle sociale. « S’ils n’avaient pas été spoliés, Charles et Willa Bruce seraient peut-être devenus comme les Hilton, les Bush ou les Kennedy. @Crédit source rfi.fr : Texte pubié par Clémence Pénard
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