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Conservatisme, féodalité, système des castes : pour un regard lucide. (2ème Partie)

"La tradition, c'est le progrès dans le passé; dans l'avenir, ce sera la tradition".
Edouard HERRIOT
"La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu'elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition, comme la tradition a surgi du progrès".
Jean D'ORMESSON

La stratification actuelle du groupe peul de Mauritanie, plus communément appelé Haalpulaar, est le résultat de la dernière glaciation des rapports de forces sociaux issus des derniers régimes politiques du Fuuta précolonial, notamment Deeniyankoo6e et Tooro66e.
Quels termes précis pour définir ce système social ?
Système féodal ? Classes sociales ? Système des castes? A dire vrai, il serait difficile de le classer en toute rigueur dans l’une ou l’autre des dénominations. Le système que je tente ici d’analyser pourrait se retrouver à l’intersection de tous. Je fais, quant à moi, le choix de retenir l’appellation « système des castes » avec, en arrière-plan, le référentiel indien dont il n’épouse pas cependant toute la rigueur. Il en reproduit néanmoins la logique d’essentialisation, et partant, de stigmatisation.
Je ne referai pas ici la nomenclature des différentes castes en pays Pulaar dont on peut retrouver aisément une foultitude de travaux d’autorité (Oumar BA, Amadou Hampathé BA, Yaya WANE, Oumar KANE, etc.) Ce qui m’importe en définitive, c’est comment un système de division du travail, à la base fonctionnel, sans doute horizontal au départ, s’est mué en un rapport de verticalité interdépendante. Et comment, encore au 21ème siècle, alors même que nous vivons dans un état « moderne », et que les rapports sociaux sont de plus en plus des rapports économiques, perdurent encore des souffrances que nous avons parfois du mal à entendre dans notre société ? Quelle est la nature de ces souffrances ? Comment la société dans son ensemble s’arrange encore aujourd’hui avec l’humiliation de l’autre (et quelque fois de soi-même…), au prétexte de la sacro-sainte tradition ? Comment reposer les termes d’un débat de société avec le seul souci du nécessaire dépassement d’un anachronisme handicapant ?
Il me semble que le système que nous connaissions, où le fils du Baylo (forgeron) était destiné à reprendre la forge de papa, est en voie de disparition dans sa logique de reproduction sociale. Nombre de mes amis Subal6e (pêcheurs) ayant grandi à Nouakchott nagent moins bien que moi, et trembleraient à la seule idée de monter dans une pirogue. L’un comme l’autre, tout comme le fils du Toorodo (caste en charge du spirituel) qui ne maitrise pas le premier verset du coran, contiendraient difficilement les soubresauts de leurs torses à l’évocation du Mbaylaagu, du Cubalaagu ou du Toorodaagu…
Soyons clairs ! Il ne me vient pas un seul instant à l’esprit de dénier aux uns et aux autres le droit d’être fiers de ce qu’ils « sont ». J’essaie juste de comprendre de quelle façon notre société arrive encore à leur faire intégrer l’idée qu’ils seraient dépositaires du Mbaylaagu, du Cuballagu et du Toorodaagu, en dépit de leur incompétence manifeste en la matière…
C’est bien l’essentialisation des castes qui forge l’hérédité ontologique que nous lui reconnaissons. Et on est là en plein cœur du problème. C’est à la seconde même où nous avons commencé à penser que l’on pouvait être imam, cordonnier ou tisserand, non par compétence mais par essence, que nous avons définitivement dévoyé le caractère fonctionnel de nos castes. Celles-ci se seraient sans doute plus facilement adaptées au monde moderne, n’eut été ce détournement de sens. Cette essentialisation de l’appartenance à la caste met en œuvre tout un système de représentations qui est hélas à l’origine des souffrances évoquées plus haut, et fonde par la même occasion des discriminations réelles. Ces discriminations sont à la fois d’ordre symbolique, politique et économique. La direction des prières et la chefferie du village qu’on dénie souvent aux anciens esclaves est sans doute la manifestation la plus paradigmatique de cette discrimination. L’autre source de discrimination étant l’inégal accès au foncier. C’est que la révolution Toorodo de 1776 a réussi à certains endroits du Fuuta, le tour de force de concentrer ces trois pôles entre les mains d’un seul groupe : le savoir, le pouvoir et l’avoir. Là aussi au nom du détournement de la révolution théocratique pensée par Sileymaani BAAL ; détournement qui permit l’émergence d’une nouvelle aristocratie. Le feccere Fuuta (partage foncier du Fuuta) en 1790 permit à la nouvelle caste Tooroodo à bien des endroits, d’accéder aux privilèges fonciers que lui octroie sa prise de pouvoir. Il y a lieu de noter cependant que les aristocraties plus anciennes, mis à part quelques familles deeniyanke victimes de leur fidélité réelle ou supposée à l’ancien régime, conservèrent de larges domaines fonciers. C’est notamment le cas des castes se66e et subal6e. En somme, les castes dites d’autorité (Tooro6e, ful6e se66e et cubal6e) ; c’est-dire celles qui dirigent nos villages, sont les principales bénéficiaires de notre tenure foncière traditionnelle actuelle. Les autres castes dites de métiers, ainsi que les esclaves statutaires, sont les grands oubliés du feccere fuuta ; alors même que les esclaves par exemple, sont ceux qui travaillent principalement la terre sans en être les propriétaires. Ils sont souvent réduits, dans le meilleur scénario, à faire du « rem peccen » (cultive, nous partageons ! »). Il s’agit d’un procédé par lequel le propriétaire terrien reçoit une partie de la récolte d’une terre que sa famille n’exploite plus depuis des générations quelque fois. L’exploitant étant souvent l’esclave statuaire qui, de fait, ne bénéficie pas de tous les fruits de son labeur… Et c’est ce système aujourd’hui qui est décrié assez souvent dans la vallée du fleuve Sénégal par les victimes de ce système inique, sous la thématique de l’esclavage foncier. Il fait partie de ce qui fonde la récurrence des conflits autour de la question de l’esclavage en milieu négro-africain de Mauritanie.
L’autre point important de la dénonciation à laquelle s’adonnent les militants égalitaristes en milieu Haalpulaar, se situe au niveau des clichés humiliants dont les personnes dites de castes inférieures peuvent souffrir au sein de notre société. Bien sûr, et il faut oser le dire, ces clichés sont entretenus y compris par des personnes dites « castées ». Nos rituels de familles (mariage, « baptêmes », etc.) sont souvent l’occasion de recréer ses rapports dominants/dominés. Et c’est à travers ces dons symboliques que les personnes dites nobles accordent, qu’elles reçoivent de la part des autres la reconnaissance de leur statut de dominants. Il a pu être dit que c’est un rapport de dépendance financier dont profitent également les personnes « castées ». A vrai dire, rien n’est moins sûr… Comment penser de nos jours, que des personnes vivent encore de ce qu’elles perçoivent à ses occasions ? Si les profits matériels sont réels, je crois néanmoins davantage à un attachement affectif à une coutume, dont on sait qu’elle permet de conserver sa place dans la société, qu’à une dépendance financière réelle. Il y aurait de mon point de vue, plus une peur d’un changement qui perturberait l’ordre établi, peur qui existe dans toutes les sociétés conservatrices, qu’un réel besoin de survie économique. Conserver la tradition semble être pour les Haalpulaar une forme de repli identitaire face à un monde moderne violent et insécurisant, où la moindre concession pourrait soulever le fantasme d’une cosmogonie qui s’écroule.
D’où la vitalité de l’endogamie qui permet de conserver deux choses importantes aux yeux du haalpulaar : le sang et le rang. De tout temps la logique matrimoniale a été fondée sur le mariage préférentiel qui ne trouve sa limite que dans l’inceste. Le mariage entre cousins étant celui qui est privilégié, il a alors forcément pour conséquence de rigidifier la cloison caste. Si on se marie préférentiellement dans sa lignée, on se marie forcément préférentiellement dans sa caste aussi. Ici la notion de pureté du sang qui irrigue la logique des castes est sacralisée ; car il s’agit d’assurer la descendance. Les mariages entre castes (ou tout au moins entre castes non équivalentes) sont donc proscrits en raison du risque de confusion qu’ils induisent. L’adage pulaar « Yoo gundo res gundo, elo resa elo » (que le lézard se marie avec le lézard, et le varan avec le varan), est une illustration de cette volonté de cloisonner. En vérité, à y réfléchir, cet adage est bien plus terrifiant qu’on y croit. En effet, il est du même ordre que la logique qui a fait appeler les métis « mulâtres ». Le mot mulâtre a la même racine que le mot mulet : animal issu du croisement entre le cheval et l’âne et qui a la particularité d’arrêter à elle la descendance par son incapacité à se reproduire. Cette terminologie animalière appliquée à l’humain en dit long sur le mépris qu’elle ne s’embarrasse même pas de cacher.
L’adage pulaar ne dit pas forcément la crainte d’une non-reproduction physique, mais symboliquement, l’enfant issu d’un mariage exogamique inter-castes souffrirait d’un déficit de reconnaissance sociale. Son géniteur fait courir le risque que la pureté de la lignée, et par conséquent la lignée elle-même, s’arrête à lui. Du moins dans sa pureté… La crainte d’une discontinuité étant toujours ce qui semble opérer ici.
(Suite)
par Par M. CAMARA Issa 20 avril 2024
La situation à Toulel est de toute évidence le reflet de tensions profondes entre différentes couches sociales, notamment entre la féodalité et les personnes issues de familles anciennement « serviles ». Les aspirations à une société plus juste et égalitaire rencontrent des résistances de la part de ceux qui souhaitent maintenir leur position de pouvoir. La lutte pour la dignité et la liberté est donc confrontée à des obstacles culturels et sociaux importants. • Les faits : A la suite de la fermeture de la coopérative qui regroupait toutes les femmes du village de Toulel, SOOBÉ KAFO (une coopérative de femmes issues de familles anciennement “serviles’’) a entamé des démarches administratives afin d’obtenir un terrain pour poursuivre leurs activités maraîchères. D’autant que leurs “consœurs” du village issues de la féodalité ont pu aménager un vaste terrain octroyé par les siens. Il faut dire que la fermeture de la première coopérative villageoise est liée au conflit qui opposait les natifs (féodaux versus les descendants de Souleymane Feinda, considérés comme étant d’extraction servile) de Toulel résidant à l’étranger plus précisément en France. Ces derniers réclament plus de justice sociale et d’égalité entre tous les membres du village. En effet, déterminée à perpétuer son héritage culturel et la reproduction sociale qui lui permet de se maintenir dans sa position hiérarchique, la féodalité de Toulel impose son hégémonie dans tous les domaines de la vie du village, allant de la confiscation de la caisse du village dans la diaspora (en France particulièrement), l’accaparement de la caisse et la maison des ressortissants de Toulel à Nouakchott et à Dakar jusqu’à l’exclusion des femmes de certains militants anti-esclavagiste de l’ancienne coopérative du village. Ainsi, les femmes de SOOBÉ KAFO en furent des victimes collatérales car le préfet du département de Maghama va décider de mettre fin à l’exploitation du terrain qui appartenait à toutes les femmes du village. La décision du préfet, bien qu’elle puisse être fondée sur des considérations administratives, semble favoriser davantage les intérêts de la féodalité de Toulel au détriment de l’égalité et de la justice pour toutes les femmes du village. Mais, en dépit des obstacles rencontrés, les femmes de SOOBÉ KAFO ont continué à se battre pour leurs droits et ont finalement obtenu une première victoire. En effet, le Maire, qui jadis faisait la sourde oreille a fini par les entendre et formuler une demande le 7 septembre 2023 auprès de la préfecture de Maghama. Après l’examen du dossier de la coopérative SOOBÉ KAFO, le préfet a émis un avis favorable le 3 octobre 2023 pour l’exploitation d’un nouveau terrain. Leur persévérance démontre leur détermination à faire valoir leurs droits et à surmonter les injustices auxquelles elles sont confrontées. Cependant cette première victoire fut rapidement écornée. Au démarrage des premiers travaux de la coopérative, un féodal-esclavagiste du nom de Coly SOUMARÉ bénéficiant du soutien inconditionnel de son clan, vint implanter des poteaux sur le terrain de la coopérative des femmes en prétextant que celui-ci est son domaine privé qu’il a hérité de ses aïeux. Une belle manière de créer un litige afin que le terrain ne soit pas exploité par SOOBÉ KAFO. M. Soumaré ne possèderait aucune preuve matérielle attestant qu’il est le propriétaire du terrain en question si ce n’est qu’il est issu de la famille régnante. Lui comme tous les membres de son clan peuvent disposer de tous les terrains du village à leur guise sans avoir des comptes à rendre à qui que ce soit. Bien que les femmes SOBÉ KAFO aient introduit une nouvelle demande auprès du Maire qui a son tour l’a instruit à la préfecture (qui a enfin émis un avis favorable à l’exploitation du terrain), la féodalité de Toulel semble trouver une solution pour arrêter les travaux. Les femmes de SOBÉ KAFO se sont rendues à la préfecture de Maghama afin que le préfet puisse régler cette histoire mais ce dernier évite de trancher et exhorte les femmes et les féodaux à régler le litige à l’amiable. Il y a des tentatives de la part de ces femmes et hommes opprimés mais toujours est-il que la féodalité défie l’autorité administrative et étatique de sorte que le nouveau préfet a fini par céder à ses caprices en suspendant les travaux sous prétexte qu’un terrain en litige ne peut pas être exploité par un des protagonistes. Il est inconcevable de voir que malgré les efforts des femmes de SOBÉ KAFO pour faire valoir leurs droits légitimes, la féodalité de Toulel continue de contester leur accès au terrain. L’attitude évasive du préfet dans la résolution du litige et sa décision de suspendre les travaux favorisent sans aucun doute les intérêts de la féodalité au détriment de la justice pour les femmes opprimées. C’est un rappel que la lutte pour l’égalité et la dignité peut être longue et difficile, mais il est important de persévérer dans la quête de justice. CAMARA Issa
par Gaye Traore 19 avril 2024
A son excellence Mohamed Ould Ghazaouni, Président de la République islamique de Mauritanie en votre qualité de garant de l’indépendance de la justice. Rendre la justice est une fonction cardinale et essentielle dans un Etat de droit et dans une démocratie libérale. Les magistrats ont entre leurs mains la vie, la liberté, l’honneur et les intérêts moraux, financiers et matériels de ceux qui vivent sur le territoire de la République. Le rôle de la justice est de préserver la tranquillité, la paix et la vie en société. A ce titre, elle protège les plus vulnérables, juge les litiges et sanctionne les comportements prohibés. Cependant, la session de la Cour criminelle de Selibaby s’ouvrira le 22 avril 2024 pour juger les affaires criminelles y compris celle que j’appelle «affaire du siècle de Diogountouro» sous le n° 46/RP/2022 pour de faits de «coups et blessures volontaire ayant entraîné la mort» autrement dit meurtre dans le jargon pénal commis dans mon village natal (Diogountouro). Monsieur le Président de la République, en votre qualité de « garant de l’indépendance de la justice » (article 89 de la Constitution), je voudrais attirer votre attention sur cette affaire judiciaire truffée des irrégularités procédurales, des violations graves de droits de la défense et des dispositions du code de procédure pénale et de la détention abusive. Monsieur le Président de la République, j’en appelle à votre sagesse et à votre sens de responsabilités au sens des articles 23 et 24 de la constitution afin que vous agissiez le plus vite possible pour que la justice fasse son travail dans l’art du respect d’un procès équitable. A défaut d’annulation des actes de procédure, des actes d’enquête et instruction du début de cette affaire jusqu’à le rapport de la commission d’expertise (qui a constaté la disparition du téléphone de la victime après avoir été mis sous scellés par le juge d’instruction de Selibaby). Ledit téléphone constitue bien évidement un élément capital pour la manifestation de la vérité judiciaire pour toutes les parties au procès. Il est extrement important dans un procès pénal que les droits de la défense soient respectés. Enfin, que la justice soit rendue au nom de la mémoire de la victime et au nom des présumés innocents détenus arbitrairement. Ce faisant, tout mauritanien a droit à ce que sa cause soit entendue devant un tribunal impartial et indépendant. L’indépendance de la justice est un droit constitutionnel, reconnu aux citoyens, qui garantit l’égalité de tous devant la loi par l’accès à une magistrature impartiale. Elle est la condition première d’un procès équitable pour une société civilisée et moderne. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de ma haute considération. Dr Boubou BA Membre associé au centre de recherche (CHAD), Université Paris10-Nanterre Juriste au Palais de justice de Pontoise-France
par Rédaction de Cridem 28 août 2021
En Mauritanie, les difficultés d'enrôlement à l'état civil se posent avec acuité pour de nombreux mauritaniens. Ce lundi 16 août, l’organisation de défense des droits de l’Homme, SOS Esclaves, a organisé une journée de sensibilisation sur la nécessité de l’accès à l’état-civil aux victimes de l’esclavage, dans le cadre d’un programme financé par l’ambassade des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie. SOS Escalves compte, d’ailleurs, lancer en ligne une pétition visant à assouplir les conditions d'enregistrement à l'état civil pour les victimes de l’esclavage. Lors de cette journée, nous avons recueilli les avis de Samory ould Beye, Brahim ould Ramdhane et Sneiba ould Kory sur cette lancinante problématique de l'inscription dans les fichiers d'état civil. Samory ould BEYE, secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM) : «Ce problème d’accès à l’état-civil des esclaves ou anciens esclaves doit trouver des solutions. Ça peut se faire à travers des propositions, un diagnostic de cette situation pour savoir où se trouvent les entraves, les problèmes réels et apporter des solutions, suggérer des solutions à l’Etat, chercher à impliquer ou à amener d’autres forces ou puissances économiques comme la Banque mondiale ou l’Union européenne à s’investir dans un programme national qui vise réellement à permettre à ces catégories de populations d’accéder ou au moins de faciliter leur accès à cet état-civil. Quand on exige d’un père ou d’une mère ou à quelqu’un d’autre qui n’a jamais connu sa mère ou son père, ça veut dire qu’on le prive des opportunités d’accéder à l’état-civil. Il faudrait que nous puissions tenir compte de certaines réalités sinon nous risquons d’avoir 30% ou 40% d’une population apatride. Avoir une population de ce pourcentage apatride c’est grave. Une population qui ne s’identifie pas, qui n’a pas la nationalité. Toutes les générations futures n’auront jamais cette possibilité de se doter de papiers d’état-civil et elles deviendront apatrides. C’est très grave pour un citoyen d’un pays qui n’a pas ses droits et quand on n’a pas accès à l’état-civil, on a aucun autre droit, droit au travail, droit au crédit agricole ou bancaire.». Brahim Ramdhane, président de la Fondation Sahel pour la Défense des Droits de l'Homme, l'Appui à l'Education et à la Paix sociale : «Il y’a un grand problème pour l’accès à l’état-civil pour tous les mauritaniens mais particulièrement pour la communauté harratine et aussi nos frères négro-africains, halpoulars, soninkés et wolofs. C’est pourquoi on a tendance à dire qu’il y’a quelque chose de prémédité qui se cache derrière cette affaire. Il y’a des obstacles techniques, on peut les comprendre mais il y’a des obstacles plus ou moins politiques. La société civile doit agir vite parce qu’il y’a beaucoup de mauritaniens qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école, des milliers d’enfants qui sont nés hors mariage ne peuvent pas avoir leur état-civil parce que ça pose un obstacle. Il y’a les enfants victimes de l’esclavage et les victimes de l’esclavage qui quittent leur terroir et qui viennent ici en fuite ou qui quittent l’esclavage. Ça leur pose un problème parce qu’on leur demande de revenir pour être recensés. Il y’a les prisonniers, les anciens prisonniers qui viennent nous voir chaque jour pour dire voilà : celui-là était emprisonné pour 15-10 ans, 20 ans et il sort couper de toutes ses racines et il se trouve qu’il a des enfants qui doivent eux aussi avoir leur état-civil mais ça leur pose un grand problème. On doit lever le voile sur le côté politique. Ceux qui ont posé ce problème d’état-civil, ils l’ont réglé à 50%, ça, il faut le reconnaitre, mais, il y’a des problèmes qui se posent, des obstacles qui se posent, maintenant qu’on les connait, il faut trouver les solutions qui englobent tous les mauritaniens, qui facilitent l’accès, qui enlèvent certains obstacles et certains papiers inutiles. Les commissions qu’on crée pour valider la nature ou l’appartenance de la personne sont très mal conçues. Sur le plan tribal, régional, il y’a des règlements de compte. Quand un maitre esclavagiste est membre d’une commission, il ne va pas accepter de valider ses esclaves qui sont en fuite. Donc, ça pose un grand problème. Ces commissions n’ont pas de raisons d’être, d’autant plus qu’il y’a des maires, des communes, des responsables qui doivent jouer leur rôle et non ces commissions-là qui sont très mal faites». Sneiba Elkory, chargé de la Communication de SOS Esclaves : «L’accès à l’état-civil des anciens esclaves, c’est l’un des problèmes les plus importants en termes de séquelles de l’esclavage parce que des milliers de personnes en souffrent. C’est une question très urgente. Les conditionnalités d’accès à l’état-civil sont très drastiques et rigides et pratiquement irréalisables pour ces esclaves-là. C’est un problème sérieux qui peut menacer la cohésion sociale, il y’a un déséquilibre patent qui fait vraiment peur, qui fait froid dans le dos quand on constate que des centaines de milliers de gens sont dans l’incapacité de se faire enregistrer. Quelqu’un qui n’est pas enrôlé, il n’existe pas civilement, il ne peut pas accéder à aucun droit y compris celui de l’éducation, de profiter de toutes les opportunités offertes». Dans les prochains jours, SOS Esclaves compte toucher les autorités mauritaniennes notamment le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur afin qu’ils prennent connaissance de la situation. Une démarche qui vise à assouplir les conditions d’enrôlement des victimes de l’esclavage. Texte par : Babacar BAYE NDIAYE – Journaliste à Cridem
par Gaye Traore 28 août 2021
Le Calame - Les obstacles administratifs résultant de procédures complexes d’enrôlement à l’etat-civil ont été au centre d’une journée de sensibilisation sur la nécessité de l’accès à l’etat-civil aux victimes de l’esclavage tenue ce 16 août 2021 à Nouakchott. Organisée par SOS Esclaves, avec l’appui de l’ambassade des Etats Unis d’Amérique en Mauritanie, cette journée s’inscrit dans le cadre d’un projet global visant à permettre aux victimes de l’esclavage de disposer de pièces d’etat-civil. Ont pris part à cette journée, le président de la Fondation Sahel Brahim Bilal Ramdhane, le secrétaire général de la CGTM Samory Ould Bèye, Mme Hapsatou Cheikh Bocoum, représentante de la Commission nationale des droits de l’homme, des cadres de SOS Esclaves et le directeur adjoint des droits de l’homme Mohamed Ould Saleck. La séance était présidée par le troisième vice-président de SOS Esclaves, Abdellahi Ould Nagi. Dans son discours, il a rappelé la nécessité de faire enrôler les victimes d’esclavage et du reste de tous les mauritaniens non sans évoquer les actions entreprises par son organisation. Une vaste sensibilisation est menée à cet effet avec les organisations de la société civile en prélude à un large plaidoyer qui sera mené par SOS Esclaves, Fondation Sahel, AMDH, AFCF, Kavana et la CLTM auprès du Chef de l’Etat, du premier ministre, du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation et des chancelleries. Il s’agira d’interpeller les autorités à la nécessité d’assouplir les conditionnalités d’accès l’etat-civil. Les conditions d’enrôlement sont très drastiques voire irréalisables, ont affirmé plusieurs intervenants lors de la rencontre. Selon eux, il urge de réparer ces anomalies qui menacent la cohésion sociale et entraînent un déséquilibre total. D’autant que de milliers de personnes sont aujourd’hui dans l’incapacité de se faire enrôler et sont inexistants, à l’état-civil. De nombreux citoyens n’ont pas pu mener à bien la procédure d’enrôlement biométrique à l’état-civil qui a débuté en 2011. La procédure complexe d’enrôlement à l’état-civil limite les inscriptions de certains enfants à l’école publique et les empêche de passer des examens nationaux ou de profiter des opportunités offertes. La situation est plus dramatique pour les victimes d’esclavage. De nombreux cas ont été relatés durant la journée par les participants. Face à cette situation, SOS Esclaves et ses partenaires projettent de mettre en ligne une pétition pour un assouplissement des conditionnalités. Source : Le Calame (Mauritanie) via Cridem.org
par SONINKIDÉES-J'OSE 28 août 2021
Il s’appelait Adama Samba Coulibaly connu communément Boubou Artoumo. Un géant de 58 ans natif de Dafort dans la région du Guidimagha (Sud mauritanien). Dans la nuit du 25 août 2021 à Nouakchott, il a été rattrapé par l’irréversible rendez-vous (La Mort) qui traque toute vie sur Terre d’une manière ou d’une autre. Responsable de la section Amees Dafort (association mauritanienne pour l’éradication de l’esclavage et ses séquelles), il était un pilier du mouvement anti-esclavagiste soninké Ganbanaaxu Fedde. Mouvement populaire (fondé en 2016) militant pour l’égalité sociale et contre les mentalités féodales et esclavagistes qui relèguent et discriminent les descendants d’esclaves Soninkés. Vaillamment mobilisé dans cet engagement droit-de-lhommiste, il a pris part avec dignité à la défense des droits citoyens et sociaux de la communauté Ganbanaaxu Dafort. Également conseiller municipal depuis septembre 2018, tonton Boubou Artoumo a été injustement emprisonné par 2 fois (49 jours à Selibaby en 2017 et 2 jours 2020 à Nouakchott). Cela suite à des plaintes fallacieuses et autres bizarreries administratives et judiciaires orchestrées en coulisses par des détracteurs mesquins troublés socialement par la cause anti-esclavagiste au sein de la communauté soninké notamment à Dafort. Ces gens comptaient le faire renoncer en vain, sa résilience et sa détermination ont fait son renom inscrit à jamais dans notre conscience sociale et citoyenne. Analphabète, monsieur Coulibaly a su s’imprégner de l’éveil du militant fièrement avec respect par son aura de tribun très conscient de la phase historique des enjeux sociaux en cours. Il a été calomnié et insulté fréquemment par certains haineux déclassés socialement via les réseaux sociaux notamment WhatsApp. En Mars 2019, par diverses intrigues manipulatrices ourdies par l’ancien ordre coutumier, on voulait atteindre son activité professionnelle de boucher avec un embargo causant une séparation avec certains travailleurs bouchers acquis à la domination coutumière du village. Ainsi il était interdit formellement aux acheteurs d’aller chez lui. Il s’était réorganisé avec ses partenaires issus de la communauté Ganbanaaxu, pour poursuivre leurs activités de boucher en servant avec efficacité les familles Ganbanaaxu Dafort. Ce présent témoignage à son sujet revêt une mission obligatoire pour ma conscience, car sa mémoire honorable le mérite amplement. Il croyait à des réformes sociales pour notre communauté où l’esclavage par ascendance est érigé socialement comme marqueur « valorisant » à faire perpétuer. Ainsi le Lion Massassi a accompli sa mission dignement, il est parti Digne et Libre. Il a su dissocier les vraies personnes qui l’adulaient en homme utile collectivement et les fausses personnes qui se servaient jadis de lui occasionnellement pour magnifier l’ordre féodal discriminatoire et trompeur. Sa mémoire sera un nœud indéfectible de notre SERMENT pour plaider les visionnaires objectifs de cet engagement pacifique pour une vie sociale harmonieuse et juste dans SONINKARA. inshâAllah. ✓Paix éternelle à votre Âme, cher oncle. Ameen ~ Votre fils Koundou SOUMARÉ, mes respects.
par Gaye Traore 16 août 2021
Synthèse du rapport sur les problèmes de la vallée élaboré par la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) en fin août 2020 a) De la spécificité de la vallée du fleuve Sénégal La vallée du fleuve Sénégal est une zone naturelle parcourue par le fleuve du même nom, qui prend sa source au FOUTA DJALON en Guinée Conakry. Les populations qui vivent dans cet espace ont pour principales richesses les activités liées à l’exploitation de ces terres réputées des plus fertiles. La vallée du fleuve Sénégal est partagée entre quatre pays qui ont décidé, dans les années 70 de faire de cet espace naturel, une zone de développement partagée régie par une organisation commune à l’ensemble des pays : L’OMVS. On comprend donc pourquoi ces populations sont si attachées à leur terre et à tout ce qui organise l’occupation du sol. Au niveau de la Mauritanie, cette zone n’est pas seulement une zone naturelle, mais aussi une zone frontalière avec le Sénégal et même indirectement avec le Mali. Sa gestion est donc toute particulière et ses administrateurs doivent recevoir une formation spécifique, en gouvernance des préfectures fluviales, à l’instar des préfectures maritimes dans le monde ou les préfectures sahariennes. Il y va de la bonne gestion de la partie mauritanienne de la vallée du fleuve Sénégal. b) Le cadre de la mission L’Assemblée Nationale et ses groupes parlementaires, encouragent les honorables députés à s’enquérir davantage des problèmes des populations relevant de leurs circonscriptions respectives, surtout au niveau des grandes zones spécifiques de développement du territoire national, telles que : la zone du littoral, la zone oasienne, la zone du fleuve, la zone agro pastorale et la zone minière. C’est ainsi qu’un groupe de députés, issu de différents partis politiques, s’est constitué en Coordination des Députés de la Vallée (CDV) et a décidé de s’enquérir des problèmes des populations à travers une mission qu’il a effectué du 25 au 29 août 2020 et ce dans les quartes Wilayas situées le long du fleuve que sont : le Trarza, le Brakna, le Gorgol et le Guidimakha c) Objectifs de la mission  Contribuer au renforcement de l’unité nationale et favoriser la cohésion sociale.  S’enquérir des problèmes des populations et expliquer à celles-ci le rôle et le travail des députés dans les domaines législatif et du contrôle de l’action du gouvernement à travers, comme exemple, la mise en place de la commission d’enquête parlementaire et les résultats auxquelles elle a abouti. d) Le contexte de la mission La mission de la Coordination des Députés de la Vallée s’est déroulée dans un contexte marqué par:  Un climat d’apaisement général de la vie politique dans le pays  Un programme consistant à réaliser des objectifs précis de développement, ayant trait à tous les secteurs, dont l’aménagement chaque année, de 5000 hectares.  Une situation mondiale caractérisée par une crise économique et sanitaire, comme conséquence de la pandémie du COVID 19, qui a amené chaque pays, à se mobiliser et compter principalement sur ses forces vives, notamment dans le domaine de l’autosuffisance alimentaire.  Les sécheresses récurrentes qui ont sévit en Mauritanie et qui ont surtout affecté les populations rurales notamment les agriculteurs et les éleveurs.  La fermeture partielle des frontières aériennes et terrestres suite au COVID 19, ce qui a ajouté davantage de précarités aux conditions de vie des populations.  L’arrivée des pluies torrentielles en fin juillet 2020, qui ont affecté la vallée avant la maturité du riz, causant des pertes ayant amené le gouvernement à engager des indemnités d’urgence aux agriculteurs.  Etc… Au vu de ce contexte global, la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a entrepris sa mission dans les quatre Wilayas de la vallée et a recueilli les doléances des populations qui ont souligné que c’est une première en Mauritanie, que des parlementaires, issus de tous les partis politiques représentés à l’hémicycle, aussi bien de la majorité que de l’opposition, en viennent à se déplacer pour écouter les populations et s’enquérir de leurs conditions. Au terme d’une analyse minutieuse du rapport général de la mission, la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a fait une synthèse qui décline les problèmes prioritaires suivant les axes ci-après : A) Doléances générales prioritaires communes à l’ensemble des wilayas, et devant faire l’objet d’approfondissement 1) L’état civil : un problème national mais très urgent dans la vallée Toutes les populations et leurs représentants entendus par la CDV, lors de sa mission, ont souligné qu’il existe de nombreux problèmes d'Etat civil partout dans le pays, mais qu’ils se posent avec beaucoup d'acuité, d'urgence et de gravité dans la vallée avec des à priori... Ils ont également souligné l’urgence de normaliser l’Etat civil, notamment au niveau de l’organisation de l’enrôlement, la fonctionnalité des centres et les dispositions à prendre rapidement pour doter les enfants en âge d’aller à l’école et les immigrés de papiers d’Etat civil. Recommandations de la CDV :  Réorganiser l’Etat-civil de Mauritanie sur la base d’un vrai service au citoyen en s’inspirant des expériences des pays voisins.  Créer et installer des comités locaux d’authentification, constitués d’imams, de chefs de villages et de représentants assermentés. 2) Le foncier : un problème national mais très pressant dans la vallée Les populations de la vallée ont vivement déploré, entre autres auprès de la Coordination des Députés de la Vallée (CDV), l’accaparement de leurs terres traditionnelles tel que celles de DAR AL BARKA, le traitement différentiel du foncier au profit du privé de la part des autorités administratives, la non protection des espaces vitaux des villages, la destruction des forêts sous prétextes d’aménagement, la gestion des terres de la Chemama à l’exemple de LEXEIBA 1, de l’entente foncière de Maghama, de LEXEIBA 2, etc. Recommandations de la CDV :  Garder le statuquo actuel dans l’attente de la révision de la loi foncière dans les meilleurs délais, notamment la définition du domaine foncier rural et des villages , ainsi que le domaine du foncier urbain.  Au sujet des investissements privés potentiels : des ententes foncières comme celles expérimentées déjà à Maghama en 1998 , doivent être le credo au bénéfice des populations, et sur la base de l’expérience des pays sahéliens dans le domaine des ententes foncières.  Redéfinir les espaces vitaux de chaque village et définir, pour chaque localité, son domaine foncier rural 3) L’accès à l’eau potable du fleuve et l’accès à l’hydroélectricité du fleuve Les maires et les associations de la vallée ont fustigé le fait que les populations soient au bord du fleuve, et qu’elles aient soif, ajouté au fait que les lignes hydroélectriques du fleuve passent au-dessus de leurs têtes sans qu’elles ne soient éclairées. Cette situation est d’autant plus frustrante que lorsqu’on regarde de l’autre côté du fleuve les villages sénégalais sont bien servis en eau et électricité et que le soir, il ne fait pas noir comme en bordure mauritanienne du fleuve. Recommandations de la CDV :  Entreprendre un vaste programme d’accès des populations de la vallée à l’eau potable à partir du fleuve jusqu’à 100 Km et sursoir à tout forage non nécessaire en bordure de la vallée.  Accélérer le programme d’électrification de l’Etat, complémentaire au programme de L’OMVS qui ambitionne d’électrifier chaque année plusieurs agglomérations. 4) Agriculture et élevage Les séances consacrées par la Coordination des Députés de la Vallée (CDV) aux agriculteurs ont permis de dégager les axes ci-dessous. Outre l’accès des villageois en priorité aux terres agricoles, l’agriculture dans la vallée doit être révisée suivant deux axes : Premier axe : L’aménagement de superficies cultivables en faveur des familles rurales, notamment pauvres, accompagnée par le développement du crédit agricole familial et du petit matériel collectif partagé et la différenciation avec les périmètres privés qui doivent être régis par des cahiers de charge, une mécanisation adaptée et des banques agricoles. Deuxième axe : L’association AGRICULTURE-ELEVAGE dont les règles, les parcours et le stationnement du bétail, sont appliqués dans les pays voisins en toute quiétude et sans heurts entre éleveurs et agriculteurs. Recommandation de la CDV :  L’organisation d’Etats généraux sur l’agriculture et l’élevage dans la vallée, ou leur consacrer de séances de débats parlementaires. 5) Pêche continentale L es services régionaux de l’Etat dans les Wilayas de la vallée visitées, ont souligné l’importance des revenus que peuvent tirer les populations de la pêche continentale dans le fleuve, mais aussi dans les marigots et autres mares de la vallée. Ils ont déploré que des pêcheurs étrangers exploitent régulièrement le poisson de la vallée, parfois au détriment de l’environnement aquatique et sans ristourne pour les populations locales. Recommandation de la CDV :  Mettre en place dans les meilleurs délais UNE AGENCE NATIONALE DE PROMOTION DE LA PÊCHE CONTINENTALE EN MAURITANIE, chargée d’organiser, de former, d’encadrer et d’équiper les populations de pêcheurs éventuels. 6) Transport fluvial La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté le manque d’information au sujet des possibilités que peuvent tirer les populations du projet de navigation de L’OMVS. Recommandation de la CDV :  Elaborer un plan national de navigation et de cabotage dans le fleuve, les marigots et lacs de Mauritanie suivant les vocations d’écotourisme, de transport d’urgence en cas d’inondations, et de plaisance. 7) Désenclavement A entendre les autorités administratives des Wilayas de la vallée visitées, il y a deux types d’enclavement dans la vallée :  L’enclavement saisonnier suite à l’hivernage et aux crues du fleuve et dont une partie doit être prise en charge par L’OMVS (débordement du fleuve) et l’autre partie par l’Etat, suivant un programme ciblé de désenclavement des villages.  L’enclavement structurel par manque de plan d’occupation des sols et de pistes rurales dans la vallée. Recommandations de la CDV :  Elaborer dans les meilleurs délais, les plans d’occupation des sols (POS) prévus dans la loi de 2010 sur l’aménagement du territoire.  Créer des voies d'accès aux villages, en toutes saisons, afin d'éviter aux populations de passer par le Sénégal pour aller dans la capitale départementale située souvent à quelques kms de leurs lieux de résidence. 8) Santé et Education La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté partout dans la vallée:  Des écoles sans enseignants ciblés et parfois des écoles sans écoliers, mais aussi des écoliers sans écoles,  Des centres de santé sans fonctionnalité et sans médicaments primaires, Recommandations de la CDV :  L’application sans délai de la carte sanitaire dans la vallée et l’accélération des programmes de TAAZOUR sur la construction d’établissements scolaires et de centres de santé en concertation avec les communes.  Expérimentation de la méthode, en matière de santé rurale dans les villages éloignés, des caisses de santé primaire en partenariat avec les groupes pharmaceutiques privés et les ONG, notamment au profit des femmes qui doivent être formées sur les caisses de santé villageoise. 9) Emploi des jeunes La CDV a constaté le nombre important de jeunes désœuvrés dans les Wilayas et dont les projets élaborés en leur faveur par le ministère de l’emploi, demeurent insignifiants. Ces jeunes en abandon scolaire, ou sans qualification, ont besoin de formations urgentes et adaptées en fonction de la situation de chaque Wilaya du fleuve. Recommandation de la CDV :  Former les jeunes dans le cadre d’un service civil national expérimental en partenariat avec les communes.  Lancer un programme d’accès à la technologie pour les jeunes, accompagné d’un micro crédit en faveur des jeunes désœuvrés.  Former les jeunes dans les secteurs vitaux (agriculture, élevage, etc…) 10) Accès au crédit et entreprenariat La CDV a constaté que les crédits existants ça et là dans la vallée, sont inefficaces et décriés par les ONG et les communes : Exemple de la CDD, les caisses d’épargne, etc…. Ces crédits doivent être mieux orientés comme par exemple : le crédit féminin, le crédit agricole familial ou encore le crédit à l’élevage. Les initiatives locales ne sont pas libérées et aucune structure de formation aux micros entreprises n’existe dans les Wilayas visitées. Recommandation de la CDV :  Délocaliser le système des GIE au niveau des Wilayas et lui ajouter comme missions complémentaires, la formation à la création d’entreprises et à la créativité avec discrimination positive pour les femmes. 11) Environnement La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) a constaté les nombreuses dégradations de l’environnement dans la vallée rapportées par les services techniques régionaux à l’exemple des défrichements non autorisés, de l’exploitation abusive des forêts classées, de la destruction des paysages à l’exemple de la zone EL ATF dans le Gorgol. Parallèlement à ça, les services d’environnement sont démunis, sans moyens et même sans véhicules. Recommandation de la CDV :  Entreprendre avec les populations locales, un programme de protection des ressources naturelles avec des patrouilles villageoises à tour de rôle et en partenariat avec les services d’environnement et autorités administratives.  La carbonisation doit être interdite progressivement, avec culture pour le bois d’œuvre et culture du prosopis à carboniser, en fonction des groupements de villages voulant développer l’énergie de cuisson au charbon. Lancer le programme d’éducation environnementale appliquée suivant la méthode 1 écolier = 1 arbre en partenariat avec les écoles rurales des communes. B) Les projets structurants La construction d’un chemin de fer en BOT (Build Operate and Transfer entre), reliant le Nord au Sud, valorisera le transport du gravier, de la pierre de construction en remplacement de la brique en ciment, des minerais et du transport de bétail, des céréales, des légumes, etc….Reprendre la culture de l’indigo dans la vallée. Recommandations de la CDV :  Revitaliser la cellule du chemin de fer qui a été créée en 2007 auprès du cabinet du ministère de l’équipement.  Développer et promouvoir la culture de l’indigo dans la vallée C) Missions de la CDV  Effectuer des missions de concertations et d’échanges auprès des pays voisins pour s’enquérir et s’inspirer de leurs expériences et expertises sur la gestion des projets de développement économique et social. D) Conclusion La Coordination des Députés de la Vallée (CDV) tient à remercier les populations des wilayas visitées, l’administration locale et les élus locaux. Elle remercie également l’Assemblée Nationale pour son appui et son soutien dans la prise en charge et la couverture médiatique de cette mission. Elle tient en fin à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de cette mission. Le président de la Coordination des Députés de la Vallée Sidney Sokhona
par Gaye Traore 15 août 2021
✓Notre Déclaration par Monsieur Samba Fofana , le vice-président Armepes-France Le 31 juillet 2021 à #Dafort dans la région du Guidimagha, monsieur Samba Moussa Koné (47 ans) militant anti-esclavagiste du mouvement Ganbanaaxu Fedde, a été sauvagement lynché, assommé et ligoté comme un animal dans un guet apens orchestré par un clan familial issu des milieux féodaux défenseurs des coutumes esclavagistes sur place. Les images atroces de ce forfait abject sur lui ont fait le tour du monde entier, prises et diffusées dans les officines des réseaux sociaux notamment WhatsApp proches du camp féodalo-esclavagiste soninké. Le seul tort de monsieur Koné est d’avoir rejeté les assignations discriminatoires liées à l’esclavage par ascendance dans la communauté soninké. Ainsi sa famille et d’autres familles dans différentes localités villageoises sont visées par diverses atteintes à leurs droits fondamentaux de citoyens notamment par des expropriations de terres, des privations de certains services du domaine public, d’autres pressions sociales et d’harcèlements judiciaires. Aujourd’hui l’objet de notre manifestation se veut une énième alerte destinée aux hautes autorités de notre pays, au président de la République Mohamed Cheikh El-Ghazouani en personne sur une situation sociale d’une extrême gravité autour des problématiques liées à cet esclavage coutumier dans la communauté soninké au Guidimagha. Avant la criminelle agression sur notre frère Samba Moussa Koné, il y’a eu d’autres événements gravissimes comme le tir à fusil sur 2 jeunes d’une vingtaine d’années Diadie Aly Traoré et Bakary Sankhare à Hamedallaye, l’agression violente par Moto sur notre tante Madjigui Moctar Coulibaly (61 ans) à Hassi-Chaggar et la lâche attaque sur notre sœur Assata Dicko (40 ans) à Danguerimou il y a quelques semaines . Nous dénonçons cette série de violences graves sur nos paisibles parents qui se sont levés pour retrouver leur dignité humaine et sociale dans la communauté. Ainsi nous appelons : • à une prise en compte sérieuse de la question par les autorités administratives et judiciaires avec l’application effective des lois pour garantir l’état de droit entre tous les citoyens quel que soit l’endroit sur notre territoire, • qu’une attention aiguisée soit portée aux réseaux de soutiens de cette idéologie sociale de l’esclavage par ascendance dans la diaspora notamment en France. Leurs discours de haine et d’incitation à la violence via WhatsApp contre les familles qui rejettent les humiliantes coutumes dans les villages, ont une grande responsabilité dans ce qui se passe dans nos terroirs. Paris 14 août 2021 ARMEPES-France et Partenaires (Réseaux Ganbanaaxu Fedde) ✓Notre site web : https://www.ganbanaaxufedde.com/
par Gaye Traore 4 août 2021
L'ESCLAVAGE PAR ASCENDANCE CHEZ SONINKÉS EN MAURITANIE : LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE LA JUSTICE Monsieur le Ministre, Nos salutations respectueuses. Dans la région du Guidimagha, une ligne rouge a été franchie dans la matinée du 31 juillet 2021 à Dafor (département de Ould yenge) par l'extrémisme féodalo-esclavagiste soninké. Dans ce village comme dans de nombreuses autres localités villageoises, les litiges fonciers liés à l'esclavage par ascendance ne se comptent plus depuis quelques années. Les autorités administratives et judiciaires sont quasiment mises au pas devant les milieux féodalo-esclavagistes Soninkés qui s'en prennent à des nombreuses familles issues de la composante sociale des descendants d'esclaves qui rejettent les humiliations des assignations coutumières de l'esclavage statutaire. Le 28 juillet dernier, nous avons organisé un sit-in d'alarme devant la Présidence à Nouakchott sur les tensions qui couvent à l'approche des premières pluies. À l'occasion une communication a été adressée au secrétariat de la Présidence au nom de notre mouvement pacifique d'éveil humaniste et citoyen Ganbanaaxu Fedde. À Dafort, un membre de notre communauté répondant au nom de Samba Moussa Koné a été violemment agressé en brousse par une bande d'éléments issus de l'ordre féodal du village. Un véritable guet apens terroriste orchestré à son encontre quand il est parti visiter la parcelle de terre de sa famille héritée depuis plusieurs générations, suspendue par la justice depuis 2018 par complicité avec les milieux féodaux. Ainsi ce jour monsieur Samba Moussa Koné a été lynché par ce groupe aujourd'hui identifié en grande majorité et dénoncé aux autorités de Ould yenge. Les images choquantes de son agression ont tourné largement sur les réseaux sociaux ces derniers jours, vous le verrez ci-jointe en photo lâchement assommé et ligoté comme une bête par ses assaillants. Notre présent Sit-in vise un énième signalement auprès des hautes autorités étatiques notamment au département de la Justice, sur les pratiques douteuses voir complices de la justice régionale du Guidimagha. Les graves violations des droits humains se suivent mais les décisions judiciaires ne sont jamais à la hauteur. Nous sollicitons une audience d'urgence auprès de votre bienveillance monsieur le ministre afin de pouvoir vous édifier davantage avec preuves matérielles à l'appui les graves conditions sociales que vivent nos familles qui refusent la soumission de l'esclavage par ascendance dans les villages soninkés du Guidimagha. Ces derniers mois et semaines, on peut citer plusieurs incidents graves autour cet esclavage statutaire , à Danguerimou, à Hassi-Chaggar, à Tachott (les 2 villages), à Ghabou, à Coumbadaw, à Artoumo et d'autres, et la terrible agression de Dafort suit cette série dans laquelle les milieux féodaux se disent ne reconnaître que leurs coutumes esclavagistes face à l'ordre étatique. Par conséquent des paisibles citoyens paient un lourd tribut dans cette situation infernale de Non-droit. Notre lettre d'information et d'alerte sera remise à la presse également pour prendre à témoin l'opinion publique nationale et internationale. ✓ Nos contacts : 222 46455504 ou 336951738 Le Collectif des Associations de lutte Contre les Pratiques de l’Esclavage en Milieu Soninké (Ganbanaaxu Fedde et partenaires) Nouakchott, le 4 Août 2021
par Gaye Traore 29 juillet 2021
Lutter pour les mêmes droits et les mêmes devoirs pour les Hommes ; dans l’organisation sociale soninké, la lutte contre l’esclavage par ascendance d’autres te disent il ne faut pas diviser. De quelle division on nous parle ? L’hôpital se moque encore de la charité. Les études ethnologiques démontrent clairement que la société soninké est divisée à trois niveaux : les Hooro, les Niaxamala et les Komo ; et les individus sont définis par des fonctions sociales précises. De quelle autre division on nous parle encore ? La lutte contre l’esclavage par ascendance n’est pas un fantasme ni une lutte de division mais une lutte pour l’union et la promotion d’une société soninké égalitaire et digne . Elle n’est pas une lutte pour plaire ou d’être aimé par quelqu’un mais quelque chose de fondamental dont nous sommes obligés de rétablir le respect et la dignité humaine. L’individu n’est pas être défini et limité par une fonction sociale précise. Nous sommes libres de ce que nous voulons être et devenir. Personne ne peut et n’a le droit de me définir ou de m’imposer qui je dois être ou devenir. ©️ Crédit source : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10209034834303782&id=1705378100
par Gaye Traore 26 juillet 2021
Ce Samedi 16 février 2019, s’est tenue une table ronde sur l’abolitionnisme africain au 21ème siècle avec comme principaux intervenants, 2 activistes abolitionnistes connus, le président du mouvement IRA-Mauritanie Mr Biram Dah Abeid (député mauritanien) et Mr Ali Bouzou du Niger, secrétaire général de l’ONG Timidria et secrétaire exécutif du Réseau ouest-africain de lutte contre l’esclavage. Dirigée par Mme Catarina Madeira-Santos, EHESS (l’École des Hautes Études en Sciences Sociales), la rencontre tenue au sein de l’Amphithéâtre François Furet a eu un franc succès par la teneur des interventions et l’affluence du public. Dans sa communication, Mr Ali Bouzou a pointé le déni et les contradictions émanant des pouvoirs publics dans son pays et d’autres de la sous-région autour des problématiques liées à l’esclavage. Par la suite le leader abolitionniste mauritanien Biram Dah Abeid, récemment fait Docteur honoris causa par l’UC Louvain en Belgique, a rappelé le difficile cheminement du combat abolitionniste qu’il mène depuis une décennie avec son organisation IRA-MAURITANIE (Toujours non reconnue par les autorités de Nouakchott). Le leader abolitionniste élu député au parlement mauritanien en septembre dernier, indexe un certain système de valeurs tenu par des segments esclavagistes eux-mêmes soutenus par le pouvoir étatique en place. Il appelle à un esprit de rebelle contre une légitimation de l’esclavage comme mode de vie sous le référent tronqué du religieux . Le Prix Onusien 2013 pour son engagement pacifique pour les Droits Humains et candidat déclaré à l’élection présidentielle 2019 en Mauritanie, pense que l’engagement politique est un des outils menant à un abolitionnisme efficient à terme. Cet angle de vue de la voie politique dans l’engagement abolitionniste est aussi encouragé par le responsable Nigérien de TIMIDRIA. Au cours de la table ronde, l’universitaire mauritanien Abdel Wedoud Ould Cheikh a étayé sa communication en commentaires très instructifs sur une certaine légitimation religieuse de l’esclavage. Lors des échanges avec le public, un focus a été mis sur les récents événements gravissimes liés aux mentalités esclavagistes et féodales en milieux soninkés notamment dans la région de Kayes. En répondant, le président d’IRA-MAURITANIE, réplique que les lamentations depuis ici à l’étranger ne servent pas grand chose sans un engagement courageux de résistance face aux esclavagistes sur le terrain. Par ailleurs il a reproché avec franchise à certains éléments mauritaniens du mouvement GANBANAAXU FEDDE (Mouvement abolitionniste ancré chez les soninkés) qui s’affichent politiquement avec le système étatique alors que ce dernier est le premier défenseur des forces esclavagistes de tous les bords. @Crédit source:https://soninkideesjose.wordpress.com/2019/02/
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